ccident,
du sujet et du mode, du genre et de l'espece, du concret et de
l'abstrait, de l'absolu et du relatif, est-elle exactement applicable a
la Divinite? Ce ne sont pas moins que les plus grandes questions de la
theodicee. On pressent que ces problemes qui semblent ne concerner que
des formules techniques, touchent a la nature meme de Dieu, et par
consequent a son action sur le monde. Toute religion est la. Sans
penetrer au sein des questions, bornons-nous a dire que toutes ces
distinctions, dans leur application etroite a la Trinite, peuvent
changer le fond du dogme, si l'on ne se rattache energiquement aux
termes de l'orthodoxie.
Le point fondamental, c'est de maintenir l'unite de Dieu, c'est-a-dire
l'unite de l'essence divine, et cependant il faut en Dieu trois
personnes. Or, comme de ces trois personnes une est appelee verbe ou
sagesse, une autre amour ou charite, il n'est que trop tentant pour
l'esprit de faire de Dieu le Pere une essence ou un concret, et des deux
autres personnes des qualites ou des abstraits. De cette facon, l'unite
substantielle semble maintenue sans exclure une certaine triplicite; il
en est de meme, si l'on emploie les termes de substance et d'accident
ou de sujet et de mode. Mais, par contre, attachez-vous a la definition
consacree de la personne en general ou de l'individu substantiel, et
la difficulte se retourne; ce sont les personnes qui deviennent des
substances, des sujets, des concrets, et l'essence divine ou Dieu n'est
plus qu'une generalite, une qualite commune, un abstrait. L'heresie
n'est pas moins grave, et l'antique dogme de l'unite de Dieu, la gloire
de l'Ancien Testament, est comme abroge par le nouveau. Cette heresie
touche au blaspheme.
La consequence evidente, c'est qu'il faut se defier en theologie des
definitions scientifiques de la substance et de la personne, et les
approprier avec reserve a l'objet unique et incomparable dont la
theologie entreprend la mysterieuse etude. Aussi est-il en general de
tradition parmi les ecrivains sacres que si la dialectique est utile
a l'explication du dogme et necessaire pour le defendre, elle n'est
integralement et rigoureusement vraie que des choses creees, et que Dieu
est en dehors des categories.
Abelard se montre fidele, ce me semble, a cette tradition. Une esquisse
generale de la doctrine des Peres sur la Trinite, est necessaire pour
bien juger de la sienne.
Dieu est l'unite parfaite. Toutes les definitions de l'unite,
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