aint Paul. "Parlons d'abord de la foi, dit-il; qui
vient avant le reste (la charite et les sacrements), comme etant le
fondement de tous les biens. Que peut-on en effet esperer et que peut-on
aimer de ce qu'on espere, si l'on ne croit auparavant, tandis qu'on
peut croire sans l'esperance et sans l'amour? De la foi, en effet, nait
l'esperance; ainsi, ce que nous croyons le bien, nous avons la confiance
de l'obtenir par la misericorde de Dieu. D'ou l'apotre: "_La foi est la
substance des choses qu'il faut esperer et l'argument des choses qui
n'apparaissent pas_." La substance des choses qu'il faut esperer_,
c'est-a-dire le fondement et l'origine des esperances auxquelles nous
sommes conduits, en croyant d'abord que les choses sont, afin de les
esperer ensuite; _l'argument des choses qui n'apparaissent pas_, cela
veut dire la preuve qu'il y a des choses non apparentes. Comme en effet
personne ne doute que la foi n'existe, il faut accorder qu'il y a des
choses non apparentes. Car la foi, ainsi qu'il a ete remarque, ne se dit
avec entiere propriete que de ce qui n'apparait pas."
[Note 352: "Fides dicitur habitus firmus, ad differentiam opinionis vel
suspicionis incertae, sicut ponebat Petrus Abaelardus per B. Bernardum
in hoc redargutus (_Serm. Ad commiss, Fidei_, t. II, p. 334; Gerson.
_Op. omn._, vol. in fol. Antw. 1706).]
Si la foi est ainsi la preuve de l'invisible, il est des objets de la
foi qui n'importent pas au salut. Quel peril courons-nous a croire que
Dieu fera demain ou ne fera pas tomber la pluie? "A celui qui vous parle
de la foi pour votre edification, il suffit de traiter et d'enseigner
les choses qui, si elles ne sont crues, produisent la damnation. Ce
sont celles qui appartiennent a la foi catholique. La foi catholique,
c'est-a-dire universelle, est celle qui est tellement necessaire a tous,
que quiconque en est denue ne peut etre sauve[353]."
[Note 353: _Introd._, t. I, p. 979, 981, 982. Voyez aussi notre c. II p.
188, et dans le t. I, le c. VII, p. 490.]
Y a-t-il en tout cela pretexte a l'indignation de saint Bernard[354]?
Nous croyons parfaitement innocente la definition qu'il incrimine, et
cependant nous avouerons que le rationalisme tend toujours a faire de la
foi une opinion, ou, si l'on veut, une _estimation_. Sans doute on ne
saurait proscrire la foi formee par le travail de l'intelligence, elle
peut etre aussi pure et aussi solide que toute autre, et obtenir par
suite tous les dons celestes
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