ses et terribles: "Tout peche
et tout blaspheme sera remis aux hommes; mais le blaspheme de l'Esprit
ne sera pas remis aux hommes. Et quiconque aura parle contre le Fils de
l'homme, il lui sera remis; mais s'il a parle contre le Saint-Esprit, il
ne lui sera remis ni dans ce siecle ni dans le siecle a venir" (Math,
xii, 31, 32). Or, Othon de Frisingen a raison, saint Bernard est credule
et tremble pieusement des qu'il croit entrevoir l'impiete. Abelard a
dit que le Saint-Esprit etait eminemment l'amour ou la charite divine:
soudain le voila convaincu d'avoir depouille le Saint-Esprit de
puissance et de sagesse; il a commis le peche irremissible, il a
prononce le blaspheme inexpiable. Quant a nous, nous ne rappellerons pas
que, fondee ou non, cette attribution de la sagesse et de l'amour est
pour ainsi dire traditionnelle dans l'Eglise[349]. Nous ferons seulement
une citation: "Si nous voulons rechercher plus expressement ce que
signifie la personne en Dieu, elle equivaut a dire que Dieu est ou le
Pere, savoir la divine puissance engendrant, ou le Fils, savoir la
sagesse divine engendree (_sumta_) ou le Saint-Esprit, savoir le
_processus_ de la bonte divine[350]."
[Note 349: Voyez entre mille autorites saint Aug., _De Trin_., VI, v,
XV, xvii.--_De Civ. Dei_, XI, xxiv. Saint Anselme dans le _Monologium_
dit que le Pere est l'esprit supreme (_summum spiritus_); le Fils,
l'intelligence et la sagesse, la science, la connaissance, la verite
de la substance paternelle; le Saint-Esprit enfin, l'amour de l'esprit
supreme (c. XLIV, XLVI, XLVII et XLIX).]
[Note 350: _Theol. Chr_., t. III, p. 1280.]
Une seule question aurait du etre posee, et Abelard eut ete embarrasse
d'y repondre. Si la Trinite est toute-puissante, sage, bonne, a quel
titre et comment la puissance appartient-elle au Pere, la sagesse au
Fils, la bonte au Saint-Esprit, ou plutot comment et dans quelle mesure
ces attributs sont-ils separes ou distingues des autres attributs
divins, tous egalement et semblablement communs a la substance divine et
par elle aux trois personnes, et comment sont-ils distingues de maniere
a devenir eminents chacun dans une d'elles? En d'autres termes encore,
quelle difference assignez-vous entre la maniere dont appartiennent
les attributs communs ou substantiels, et celle dont appartiennent
les attributs speciaux ou personnels, les premiers appartenant a la
substance et etant communs aux personnes, les seconds appartenant chacun
a un
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