comparons a l'homme qui est a la fois substance et corps... qui peut
etre a la fois pere et fils... l'identite de substance commune en Dieu
au Pere, au Fils, au Saint-Esprit... on reconnaitra qu'on ne peut
induire de la une similitude integrale, mais quelque similitude
partielle: autrement, nom parlerions d'identite et non de similitude.
Prevoyant l'abus qu'on pouvait faire de quelques-unes, nous en avons
introduit d'autres, tant d'apres les grammairiens que d'apres les
philosophes, et que nous avons jugees plus conformes a notre dessein;
mais celle-la surtout qui est prise des philosophes les plus
raisonnables, et par la moins eloignes de la science de la veritable
philosophie qui est le Christ[335]."
[Note 335: _Introd._, t. I, p. 1014, t. II, p. 1070, 1073, 1076,
1079.--_Theol. Chr._, t. III, p. 1249.]
On vient de voir ce qu'Abelard pense des similitudes en general. On peut
se rappeler comment il juge celles qu'avaient admises saint Augustin,
saint Anselme, Tertullien. Voyons maintenant quelles sont celles qu'il
tolere.
I. La premiere est prise du genre et de l'espece[336]. Si l'on veut bien
se reporter au texte, on y verra, je crois, qu'Abelard n'entend pas que
la generation de l'espece par le genre soit identique avec celle du Fils
par le Pere, ni meme qu'elle en soit le type. "Nos expressions, dit-il,
transportees a Dieu, contractent de la singularite de la substance
divine une signification egalement singuliere, et quelquefois un sens
singulier par construction. Il ne faut pas etendre des expressions
figuratives et impropres au dela de ce que veulent l'usage et
l'autorite[337]."
[Note 336: _Introd_., t. II, p. 1083-1084.--_Theol. Chr_., t. IV, p.
1316-1318.]
[Note 337: _Id. Ibid_., p. 1303.]
Et c'est apres avoir pose cette regle que, revenant sur ces distinctions
de pere et de fils, de puissance et de sagesse, de genre et d'espece,
de matiere et de _materie_, il dit: "Une grande discretion doit etre
apportee dans ces enonciations qui concernent Dieu[338]."
[Note 338: _id_., p. 1304 et 1305.]
Ainsi jamais il n'a dit que le Pere fut un genre et le Fils une espece;
d'abord parce qu'il repete incessamment que Dieu est un etre singulier,
c'est-a-dire qu'il n'est nulle autre chose que lui-meme, et que le Pere
est le Pere, le Fils, le Fils, sans pouvoir etre assimiles a aucun etre
place dans les degres de l'echelle predicamentale; en second lieu, parce
que le plus grand nombre des caracteres qu'il att
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