Le
Saint-Esprit n'est pas en Dieu puissance ou sagesse. Ainsi le pied de
l'orgueil trebuche quand il attaque[334]."
[Note 334: "Res superbiae ruit cum irruit."--_Ab. Op._, S. Bern., Ep., p.
283.]
Cette argumentation, a laquelle ne manque aucune des formes de la
dialectique, montre que le saint abbe n'etait pas si etranger qu'il le
dit aux sciences profanes. Mais ecartant tout ce qu'y vient ajouter la
declamation de sa colere, bornons-nous a la critique des similitude?.
On pourrait en principe les condamner toutes; mais les Peres ont
apparemment regarde comme utile, pour donner le change a la curiosite de
l'intelligence, de s'adresser a l'imagination. Quelquefois on apaise la
faim en la trompant, et l'on fait macher a l'homme affame des substances
qui ne sont pas des aliments et qui le calment sans je nourrir. La meme
chose se pratique en philosophie; on donne a l'esprit des metaphores en
place de raisons; c'est un palliatif de notre ignorance, La theologie
a use de cet expedient autant pour le moins que la philosophie, et
quelquefois elle s'y est compromise. Accepter sans reserve une seule
similitude est un moyen sur d'etre heretique, comme s'est un sur moyen
de donner a des adversaires l'apparence de l'heresie que de prendre a la
lettre une similitude donnee par eux comme une analogie ou une figure.
Dans sa refutation d'Abelard, l'abbe de Clairvaux a-t-il bien evite
cette meprise ou cet artifice?
"Gardez-vous, avait dit Abelard, de ceux qui rapportent en raisonnant la
nature unique et incorporelle de la Divinite a la similitude des corps
composes des elements.... Dans le vrai, la Trinite n'est connue que
d'elle-meme; l'exposition en est difficile, impossible peut-etre a
l'homme.... Plus l'excellence de la nature divine s'eloigne des autres
natures qu'elle a creees, moins nous trouvons dans celles-ci de
ressemblances congrues a l'aide desquelles nous puissions satisfaire,
quand il s'agit de celle-la. Les philosophes doivent se contenter de
s'enquerir des natures creees; encore ne peuvent-ils suffire a les
comprendre. En Dieu, aucun mot ne parait conserver son sens primitif....
Nous ne pouvons trouver de similitudes parfaites pour les appliquer
a l'etre singulier; nous ne pouvons, quand il s'agit de lui, nous
satisfaire par des similitudes.... Nous les abordons comme nous pouvons,
surtout pour repousser l'importunite des pseudo-dialecticiens....
Nous leur apportons les similitudes les plus probables.... Quand nous
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