ribue au genre ne
convient pas au Pere, comme de se distribuer en plusieurs especes, comme
de n'exister dans le temps que sous forme d'especes, et meme que sous
forme d'individus; non plus que les caracteres de l'espece ne peuvent
etre pour la plupart attribues au Fils, comme celui de se trouver dans
un nombre illimite d'individus, comme celui de resulter de l'union avec
sa matiere d'une difference qui lui constitue une autre essence que
celle du genre.
Qu'a donc voulu dire Abelard? Le voici. On fait difficulte de concevoir
la distinction du Pere et du Fils, ou de deux personnes, l'une qui
engendre, l'autre engendree, dans une meme essence. On ne concoit pas
que comme substance, le Fils soit le meme que le Pere, et que comme
personne, le Fils ne soit pas le meme que le Pere; mais ne se
rencontre-t-il nulle part rien d'analogue? N'arrive-t-il jamais que
deux choses distinctes soient et ne soient pas la meme? Le genre, par
exemple, est distinct de l'espece; cependant on dit que l'espece est _le
meme_ que le genre, et l'on ne veut pas dire _le meme_ de tout point,
sans plus, sans moins, sans formes ou proprietes qui les distinguent;
mais par cette expression: l'espece est _le meme_ que le genre, on
entend que le genre se retrouve dans l'espece, et qu'en un sens
l'essence du genre est commune a l'espece. L'animal est dans l'homme;
on dit hardiment et legitimement: l'homme est animal, ce qui est dire:
l'espece est le genre. Et cependant malgre cette communaute, malgre cet
identite d'essence, l'espece est distincte du genre; on dit meme que
l'espece est engendree du genre. Ainsi, un etre distinct d'un autre
par ses proprietes, et engendre par cet autre, peut avoir une essence
commune avec cet autre, et le mystere de la consubstantialite divine
a des analogues; on ne peut donc _a priori_ le declarer absurde ou
impossible. Mais la comparaison ne va pas jusqu'a signifier que
l'essence du Pere soit dans le Fils de la meme maniere, aux memes
conditions que le genre est dans l'espece, que le Fils soit engendre du
Pere par une generation essentiellement identique a celle qui du genre
fait sortir l'espece. Abelard ne l'a dit nulle part, et meme il a
prevenu ses lecteurs contre ces assimilations mensongeres, en leur
rappelant que toutes ces locutions etaient _impropres et figuratives_,
qu'elles ne devaient etre admises que _dans une certaine mesure, et
qu'il ne fallait pas entendre une _identite substantielle_ la ou il n'y
avait tou
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