te, elle procede, elle n'est point engendree: il faut donc que la
procession soit autre chose que la generation. Or, comme ce qui est
engendre de la puissance est de la puissance, il suit que ce qui n'est
pas engendre de la puissance n'est pas de la puissance. Ainsi, le
Saint-Esprit ou la bonte qui n'est pas engendree du Pere ou de la
puissance, n'est pas de la puissance; et en effet, dans le langage de la
psychologie morale, la bonte n'est pas une puissance, ni proprement une
faculte. En Dieu, elle procede donc de la puissance et de la sagesse,
c'est-a-dire que le parfaitement puissant et le parfaitement sage
s'epanche en charite et se communique par l'amour. Car, pour reprendre
le langage abstrait, la ou il y a puissance et sagesse sans bornes, il y
a necessairement bonte.
[Note 310: _De Trin_., VI, ii, et XV, xvii.--Homil., xxx, in Ev.
pentecost.]
[Note 311: Voici les termes de Bede: "Potentia dicitur pater....
sapientia dicitur filius, pater genuit filium, idest, divina potentia
sapientiam... Voluntas vere divina dicitur spiritus.... Spiritus iste a
patre et filio procedit, quio voluntas divina bonitas." Voyez tout le
passage dans le [Grec: Peri didaxeon], t. I, Ven. Bed. _Op._, t. II, p.
207.--Cf. Pel. Lomb. _Sent_., t. I, Dist. XXVII et XXXIII.--S. Thom.
_Summ._, 1, qu. XXXIX, a. 8. Je citerai comme lieux-communs les vers
si connus de Voltaire sur la Trinite dans _la Henriade_, vers qui
rappellent ceux de Chapelain dans sa _Pucelle_:
Le supreme pouvoir, la supreme science
Et le supreme amour unis en trinite
Dans son regne eternel forment sa majeste.
Cependant en theologie rigoureuse, cette distinction n'est pas tenue
pour essentielle. Les seules proprietes fondamentales constitutives,
[Grec: schetikai, hypostatika idiomata, tropoi tes huparxeos], comme ils
disent, sont pour le Pere, la paternite ou d'etre _ingenitus_, pour le
Fils, la filiation ou d'etre _unigenitus_, pour le Saint-Esprit, la
procession ou spiration. Les autres proprietes, [Grec: gnorismata], ne
figurant pas au meme rang, et ne sont guere prises comme les conditions
d'existence de la personne. On ne peut faire un propre de la sagesse
pour le Fils, de la charite pour le Saint-Esprit, comme du nom
d'_unigenitus_ ou de la procession. Cependant ces attributions de la
sagesse et de la charite sont admises. Quant a la puissance, elle n'est
pas aussi generalement, aussi formellement reconnue au Pere comme
attribution particuliere.]
Quel
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