aint-Esprit
la bonte, il convient d'ajouter que la puissance, la sagesse et la bonte
n'en sont pas moins des attributs divins, et qu'aucune des personnes
de Dieu ne manque des attributs de Dieu, ou de bonte, de sagesse et de
puissance. Si l'on demande l'explication de cette distinction eminente
et non pas exclusive, de cette distinction affirmee d'abord et aussitot
effacee, elle est dans l'enigme meme de la Trinite; on l'expose, on
ne l'explique pas. Ce n'est qu'une nouvelle forme du mystere de
contradiction apparente qui fait le fond du dogme, une seule substance
en trois personnes.
Mais si la distinction des personnes peut ainsi paraitra mieux etablie
et presente un aspect plus scientifique, elle determine d'une maniere
neuve Une idee laissee Jusque-la dans le vague, elle en accroit la
portee, elle cree une difficulte de plus et ajoute au mystere qu'elle
pretend eclaircir. L'Eglise a donc eu raison, sous ce rapport, de ne pas
epouser la doctrine d'Abelard.
III.
Saint Bernard poursuit en ces termes: "Il dit que le Fils est au Pere
ce qu'une certaine puissance est a la puissance, l'espece au genre,
le _materie_ a la matiere, l'homme a l'animal, le sceau d'airain a
l'airain. N'en dit-il pas plus qu'Arius? Qui pourrait supporter cela?
Qui ne se boucherait les oreilles a ces paroles sacrileges? Qui n'aurait
horreur de ces nouveautes profanes par les mots et par le sens[312]?"
[Note 312: _Ab. Op_., S. Bernard, ep. XI, p. 278; et S. Bern. _Op._,
Opusc., xi.]
Ces comparaisons sont en effet dans Abelard, mais a titre de
comparaisons seulement; c'etait le gout du temps et l'usage des
theologiens. Les Peres abondent en similitudes quand ils parlent de la
Trinite. Abelard en rapporte et en discute quelques-unes qu'il trouve
defectueuses; il presente les siennes comme meilleures, mais cependant
comme partielles, approximatives, comme des _ombres de la verite_, comme
des necessites de l'intelligence et du langage. Cela seul l'absout de
toute ressemblance avec Arius.
La _Theologie chretienne_ figure dans le recueil des benedictins parmi
beaucoup d'autres ouvrages du meme genre et du meme temps. J'ouvre le
volume qui la contient, et je trouve sept livres de dialogues par un
certain Hugues, archeveque de Rouen, qui les publia au commencement du
meme siecle. Les auteurs du recueil lui donnent de grands eloges, et
Pierre le Venerable l'avait loue[313]. Dans le premier de ces dialogues,
qui roule sur le souverain bien, l'au
|