loye,
mais devenu suspect par l'usage qu'en avaient fait les Ariens et les
Valentiniens. Puis, on y est revenu, notamment Tertullien, Gregoire de
Nazianze et saint Jean Damascene qui nomme le Pere [Grec: dia logou
proboleus tou ekphantoriokou pneumatos] (_De Fide_, I, XIII). Tel fut
aussi le sort du mot [Grec uporroia], _transfusio_, ecoulement ou
emanation, compromis par les Sabelliens, rehabilite par Athanase et
Origene. Mais [Grec: probole] est reste plus usite, surtout comme
procession du Saint-Esprit. Celle ci a ete diversement nommee. Comme il
y a toujours eu dans la designation des personnes quelque trace d'une
metaphore qui representait le Pere comme la pensee, le fils comme la
parole, le Saint Esprit comme le souffle, resultat ou lien de la
pensee et de la parole, le mot [Grec: pnoe], _spiratio_, A ete le plus
volontiers admis avec celui d'[Grec: ekporeusis], consacre par le verset
de l'Evangile qui sert de titre au dogme meme. Mais on dit aussi [Grec:
ekphoitesis], sortie, [Grec: ekpemphis] emission, [Grec: proeinai],
laisser echapper, [Grec: proskeisthai], S'attacher, [Grec: ekphusis],
rejeton. C'est ici une des idees chretiennes qu'il est le plus facile de
confondre avec une idee alexandrine. L'expression figuree de _processus_
a bien de l'analogie avec le [Grec: proodos] de Proclus, et on lit dans
Gregoire de Nazianze que les proprietes des personnes sont [Grec: to
anarchon, e gennesis kai e proodos]. (Proclus, _Theol. plat._, t. III,
c. xxi.--Nazianz., _Or_., xiii.--Sulcor., _Thesaur., verbo_ [Grec:
ekporeusis].--Pelav., _Dogm. Theol._, t. II, t. V, c. viii, t. VII, c. x
et xi, t. VIII, c. i.)]
Ces deux mots ont ete consacres pour designer l'une et l'autre relation
principale du Fils au Pere et du Saint-Esprit au Pere et au Fils, et
quand on a voulu attacher une idee a ces mots, les definir, seulement
les comprendre, meme dire que l'un etant different de l'autre, ils ne
pouvaient exprimer tous deux la meme facon _d'etre de la substance_ du
Pere, on est presque immanquablement tombe dans l'heresie. Tout le monde
n'a pas eu la sincerite de saint Augustin, avouant qu'il ignore
comment on doit distinguer la generation du Fils de la procession du
Saint-esprit, et que sa penetration echoue contre cette difficulte[331].
Longtemps avant lui, et, je crois, avant que la langue du dogme fut
fixee, saint Irenee semblait avoir prevu tous les dangers de cette
terminologie, quand il disait avec tant de sagesse: "Si quel
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