qu'un nous
demande comment le Fils a ete produit par le Pere, nous lui repondrons
que cette production (_prolatio_), ou generation, _nuncupatio,
adapertio_, ou tout autre terme dont on voudra se servir, n'est
connue de personne, parce qu'elle est inexplicable.... Quiconque ose
entreprendre de la concevoir ou de l'expliquer ne s'entend pas lui-meme
en voulant devoiler un mystere ineffable[332]."
[Note 331: _Contr. Maxim._, II, XIV. Bossuet dit dans le meme sens:
"Dieu a voulu expliquer que la procession de son Verbe etait veritable
et parfaite generation: ce que c'etait que la procession de son
Saint-Esprit, il n'a pas voulu le dire, ni qu'il y eut rien dans la
nature qui representat une action si substantielle et tout ensemble si
singuliere. C'est un secret reserve a la vision bienheureuse." (_Elev.
sur les Myst._ 2e som. V.)]
[Note 332: S. Iren., _Contr. Haeres._, II, xxviii, 6.--Voyez aussi
Bergier, _Dict. De Theol._ aux mots _Saint-Esprit_, _Emanation_,
_Generation_.]
V.
La censure de saint Bernard n'a point epargne les similitudes employees
pour representer la Trinite, et notamment cette _execrable similitude
ou plutot dissimilitude_ du genre et de l'espece, ainsi que celle de
l'airain et du sceau d'airain[333].
[Note 333: _Ab. Op._, p. 280.]
"Qu'est-ce donc? veux-tu, selon ta similitude, parce que le Fils, pour
etre, exige que la Pere soit, veux-tu que ce qui est le Fils soit le
Pere, mais sans reciprocite, comme le sceau d'airain est airain, parce
que l'existence du sceau d'airain exige celle de l'airain, comme l'homme
est animal, parce que l'existence de l'un suppose celle de l'autre, sans
que l'airain soit le sceau d'airain, ni l'animal l'homme? Si tu dis
cela, tu es heretique; si tu ne le dis pas, la similitude tombe.
Ou conduit donc ce long circuit de choses prises de si loin, ces
rapprochements laborieux, cette vaine multiplicite de mots, ces grands
eloges que tu donnes a ta deduction, si les membres n'en peuvent
etre ramenes les uns aux autres dans les proportions regulieres? Ton
entreprise n'est-elle pas de nous enseigner l'_habitude_ qui est entre
le Pera et le Fils (o'est-a-dire comment le Pere _a_ le Fils)? or, nous
tenons de toi que pour poser l'homme, il faut poser l'animal, mais
sans reciprocite, d'apres la regle de dialectique qui veut, non que la
position du genre pose l'espece, mais que la position de l'espece
pose le genre. Lors donc que tu rapportes le Pere au genre, le Fils a
l'es
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