teur se fait demander par son
interrogateur comment trois personnes peuvent coexister dans l'unite
divine, et il repond: Votre corps et votre ame sont divers en
substances, comment sont-ils un en personne? L'homme est le miroir de
Dieu; or l'ame a dans son unite trois choses, elle se comprend, elle se
souvient, elle s'aime. L'intelligence engendre la memoire; de l'une et
de l'autre procede l'amour, car l'ame aime a comprendre ce dont elle se
souvient et a se souvenir de ce qu'elle comprend. Et ces trois choses
sont egales, car elles ne vont pas l'une sans l'autre. Ainsi des
personnes de la Trinite. Dire que le Pere engendre le Fils, c'est dire
que la sagesse vient du Pere; dire que le Saint-Esprit procede du Pere
et du Fils, c'est dire qu'il aime tout ce qu'il connait. Le nom de Pere
designe ce qui est invisible en Dieu, le Fils est la vertu de Dieu, le
Saint-Esprit est sa divinite[314]; car c'est le propre de la Divinite
que cette charite par laquelle elle aime le bien pour le bien.
[Note 313: _Thes. nov. Anecd_., t. V. p. 695.]
[Note 314: D'apres ces mots de l'apotre: "Invisibilia ipsius....
sempiterna quoque virtus ejus et divinitas." Rom. t, 20, et ailleurs:
"Christum Dei virtutem et Dei sapientiam, 1 Cor. i, 24,--_Thes. Anecd.,
Dialog_., t. I, p. 901.]
Dieu compte par la connaissance (Pere), mesure par la vertu (Fils), pese
par la bonte (Saint-Esprit), et les choses creees ou se trouvent le
poids, la mesure, le nombre, offrent un vestige de la Trinite qui les a
faites. L'ame raisonnable mesure et pese en nombrant, nombre et pese en
mesurant, mesure et nombre en pesant. Dans les facultes de l'ame, dans
les operations des sens, dans les mouvements du coeur, l'ingenieux
archeveque poursuit cette analogie, et il arrive enfin a trouver
qu'Adam, qui n'a ete precede de rien, n'a point ete engendre, qu'Eve est
sortie de sa substance, et que la race humaine vient de leur union. "Et
vous savez," ajoute-t-il, "que Dieu le Pere n'est de personne, que le
Fils est ne de l'essence du Pere, et que le Saint-Esprit, procedant de
tous deux, est un cependant[315]."
[Note 315: _Ibid. Dial_., t. VII, p. 985-998. Cette assimilation de la
Trinite au nombre, au poids, a la mesure, etait recue dans l'Eglise.
(S. Aug., _De Trin._, XI, x.) Le meme recueil renferme un ouvrage du
cardinal Humbert qui la developpe a son tour. (_Id., Adv. Simoniac._,
III, xxiv, p. 810 et 811.)]
"Le nombre, dit le venerable Othlon, est le grand delateur
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