ompare le Pere a l'intuition, le Fils a la raison, le
Saint-Esprit au sens[317]; et il ne faudrait pas dire que ce sont la
chez des ecrivains inconnus des caprices d'imagination qui n'excusent
point un esprit de l'ordre de celui d'Abelard. Il y avait tradition.
Saint Augustin comparait la Trinite a l'ame, a la connaissance et a
l'amour, quelquefois a la memoire, a l'intelligence et a la charite, et
puis enfin a la vision qui se compose de l'image vue, de la vue meme,
et de l'attention ou perception de l'ame. Saint Gregoire de Nysse
assimilait la distinction des personnes a celle de l'ame, de la raison
et de l'intelligence. Tertullien a employe la comparaison du rayon et du
soleil, du ruisseau et de la source, de la tige et de la racine on de
la semence, pour expliquer la generation du Fils. Gregoire de Nazianze
rappelle comme usitee cette comparaison de la Trinite avec le soleil,
et saint Jean Damascene l'adopte; tous, peut-etre, ignoraient qu'ils
repetaient ainsi une image chere a la philosophie d'Alexandrie. Saint
Anselme a conduit la source et le ruisseau jusque dans le lue qui
procede de l'une et de l'autre[318]. Une source, un ruisseau et un lac
sont ensemble et separement le Nil, comme les trois personnes sont Dieu.
[Note 317: _Scot Erigene et la Philosophie scolastique_, par M. S. Rene
Taillandier, p. 87 et 117.]
[Note 318: S. Aug., _De Trin_., IX, iii et xii; X, _passim_; XI, n, et
XIV, x.--_De Civil, Del_, XI, xxvi, XV, xiii.--Nysson., De Eo,--Terlul.,
_Adv_. _Prax_., XXI, viii." Nazians., _Oral_., XXIII, XXXI et XXXVII.
Gregoire de Nazianze insiste cependant sur la grande inexactitude des
comparaisons et la necessite de s'en tenir a la foi. (Damasc., _De
Fid. orth_., I, viii, p. 134, 140 et 142,--Anselme., _De Fid. Trin, et
Incarn_., c, vii, p. 40, et c, viii, p. 48.--_De Proc. S. Sp_., c.
xvii, p. 51.)--S. Augustin non plus n'a pas repousse ces similitudes
metaphoriques (_De Fid_., c. ix.--_De Symb. Senn. ad cateeh_. Ce dernier
ouvrage est douteux).]
Pour ne citer qu'un nom parmi les modernes, Bossuet a repris toutes
les comparaisons. C'est la vapeur qui s'eleve de la mer, le rayon, _la
splendeur qui est la production et comme le fils du soleil_. "Lorsqu'un
sceau est applique sur de la cire, cette cire, sans rien detacher du
sceau qui s'imprime en elle, en tire la ressemblance tout entiere et se
l'incorpore, en sorte que rien ne peut plus l'en separer." C'est comme
l'image dana un miroir, ou plutot c'est
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