ences de l'erreur. Ce n'est pas en ce
moment qu'il faut le juger.
[Note 269: _De Genes. ad Litt_., VI, xv. La doctrine d'Abelard est
critiquee par le P. Petau (t. 1, t. V, c, vi, p. 840). Nous reviendrons
sur ces questions, lorsqu'il y reviendra dans son Commentaire sur saint
Paul.]
Nous avons suivi fidelement, dans notre analyse de l'Introduction,
l'ordre des idees de l'auteur, quoiqu'il soit peu methodique. Ainsi,
apres deux livres consacres au dogme de la Trinite, on l'a vu employer
le troisieme a discuter les attributs generaux de Dieu, sa bonte, son
immutabilite, sa toute-puissance, son unite, meme son existence; toutes
questions independantes du dogme chretien et qui paraissent prealables a
la connaissance des trois personnes de la Trinite. Il semble, en effet,
qu'il importe de savoir que Dieu existe, avant de connaitre sa nature,
ou tout au moins qu'il est un, avant de comprendre comment, encore qu'il
soit un, il se distingue en trois personnes. C'est cet ordre qu'a suivi
saint Thomas dans la plus methodique des theologies[270]. Suivant les
idees modernes, tous les objets traites dans le livre III, tel qu'il est
imprime, appartiennent a ce qu'on appelle la religion naturelle, et loin
d'etre des corollaires ou des appendices du dogme chretien, sont les
principes memes avec lesquels le dogme chretien doit etre confere et
raccorde. Mais les idees modernes ne sont pas celles d'Abelard; quoique
rationaliste parmi les theologiens, il est et veut etre theologien; il
doit donc avant tout poser la Trinite, c'est-a-dire enseigner Dieu, qui
n'existe pour lui que tel qu'il est pour le chretien. Lorsqu'il cite les
philosophes et les paiens, ce n'est pas pour avoir connu les verites
primitives auxquelles se seraient adjointes plus tard les verites
chretiennes, mais pour avoir pressenti et meme annonce, bien que
sous une forme un peu vague, un peu voilee, les verites chretiennes
elles-memes; il s'efforce au moins autant de faire les philosophes
chretiens que de rendre le christianisme philosophique. Mais, dans ce
plan meme, il est impossible de ne pas trouver que les deux premiers
livres n'ont point d'ordre et de clarte. L'ouvrage semble un premier
jet, ou plutot un recueil d'idees et de questions ecrit pour
l'enseignement ou apres l'enseignement, dans l'ordre ou l'improvisation
et la polemique, inseparables de l'enseignement oral, avaient
d'elles-memes dispose les matieres. En effet, lorsqu'au commencement
du second livre,
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