uction.
[Note 271: _P. Abael. Theologia Christiana_, in lib. V; _Thes. nov.
anecd._, t. V, d. 1156-1860.]
Il parait que trois points surtout avaient provoque le doute ou la
discussion, peut-etre aussi les scrupules ou les craintes de l'auteur.
Ce sont encore les points qui nous interesseraient le plus aujourd'hui.
Le premier est ce qu'on pourrait appeler le caractere general de cette
theologie. Il est evident qu'elle tend au rationalisme, ou du moins
qu'elle a pour but de concilier la foi avec la raison, l'autorite avec
la science, le dogme avec la philosophie. On a vu que l'entreprise
n'etait pas entierement nouvelle au temps d'Abelard, mais nul n'y avait
apporte autant de subtilite reelle que lui, ni surtout un aussi grand
renom de dialectique. Sans avoir jamais pretendu a l'heterodoxie, sans
s'etre jamais exterieurement ni, je le crois, interieurement donne pour
un novateur religieux, il s'etait en tout, et meme dans la foi commune,
pique de penser par lui-meme. Il avait eleve sa chaire de sa propre main
et se croyait le createur de sa doctrine. Quoi qu'il fit donc, il etait
suspect: son esprit aurait ete plus modere, plus timide, plus sur, son
coeur aurait ete plus humble, qu'il n'eut pas evite un grand danger,
la defiance de l'Eglise. Il mettait son amour-propre a l'exciter, bien
qu'il n'eut jamais l'insolence ou le courage de la braver; il ne cessait
de la provoquer, en s'empressant de la desarmer des qu'elle le menacait.
C'est donc sur le caractere philosophique de sa theologie qu'il se
montrera d'abord jaloux d'eclairer et de rassurer les fideles.
L'application de la philosophie a la theologie conduit naturellement a
citer les philosophes autant ou plus que les Peres, qui ne le sont pas
toujours; les philosophes, de leur cote, ne sont pas toujours chretiens.
D'ailleurs c'est du sein du paganisme que sont sortis les grands noms
de la philosophie. De la, dans notre auteur, un melange necessaire des
lettres profanes et des lettres saintes. Bien que plusieurs Peres des
premiers siecles en aient donne l'exemple, assez constamment suivi
par la litterature du moyen age, c'est un usage qui a toujours ete
soupconne, accuse d'etre abusif, et par ceux-la meme qui s'y etaient
quelquefois conformes. Pour Abelard, que l'erudition et la dialectique
conduisaient sans cesse sur le terrain de l'antiquite payenne, il
y avait donc grand interet a justifier l'emploi de ces autorites
hasardeuses et a reconcilier enfin la scien
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