e de l'espece: l'un et
l'autre est homme.
"Rien n'est en Dieu qui ne soit Dieu." Car tout ce qui existe dans la
nature ou est eternel, et c'est Dieu, ou a commence, et vient de Dieu;
hors de la, il n'y a que le peche et l'idole, qui sont nos oeuvres et
non les oeuvres de Dieu. La sagesse, la puissance qui sont en Dieu sont
Dieu meme. Si l'on pretend que les qualites de Dieu soient en lui, sans
etre ni lui ni creees par lui, mais qu'elles demeurent eternellement en
lui ou sont coeternelles a la divine substance dans laquelle elles
sont, nous demanderons si elles sont en Dieu substantiellement ou
accidentellement. Si elles y sont substantiellement, elles constituent
la substance de Dieu, elles sont alors anterieures (_priores_) a Dieu,
comme la raison est dite anterieure (_prior_) a l'homme, etant sa forme
constitutive. Ainsi, par exemple, le Dieu sage serait constitue par la
substance de la divinite et la sagesse, il serait un tout compose de
matiere et de forme, il aurait un principe. Si, au contraire, les
qualites lui appartiennent accidentellement, Dieu est sujet aux
accidents, proposition condamnee par tous les philosophes et tous les
catholiques. L'accident peut etre ou ne pas etre, il est mutable,
omissible, il depend de l'alterabilite du sujet; on peut dire qu'il est
la forme d'une chose corruptible; comment serait-il compatible avec
la nature divine? La sagesse ne pouvant etre en Dieu une forme ni
substantielle ni accidentelle, il reste qu'elle est Dieu, et de meme la
puissance, et de meme les autres attributs.
Dieu n'est une substance qu'autant que c'est une substance unique,
incomparable, au dela ou au-dessus de la substance; de meme, les
proprietes qui sont dans cette substance ne peuvent etre regulierement
appelees formes ni accidents, et elles n'ont d'autre effet que la
distinction des personnes; et cette difference n'est pas celle de la
personne de Socrate a celle de Platon, les trois personnes n'ayant
qu'une essence, tandis que Socrate et Platon n'ont pas la meme essence
ou la meme substance essentielle. Grande et subtile distinction; il faut
que l'identite d'une substance unique, l'unite indivisible de l'essence,
ne fasse pas obstacle a la diversite des personnes, et ne nous conduise
pas a l'erreur de Sabellius; il faut que la diversite des personnes ne
soit pas un empechement a l'unite de la substance, et ne nous jette pas
dans l'erreur d'Arius.
On ne voit pas bien comment Abelard conciliera ces id
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