ees generales avec
l'attribution de la puissance au Pere, de la sagesse au Fils, de l'amour
au Saint-Esprit, et aucun theologien qui adopte en tout ou en partie
cette repartition ne nous a paru clair et consequent. Abelard ne
l'abandonne pourtant pas, et il presente meme d'une maniere specieuse la
reserve d'une part, eminente dans la puissance en faveur du Pere, car
les autres attributions ne sont pas contestees. Tout ce qui concerne la
puissance est, dit-il, attribue au Pere; d'abord la creation est tiree
du neant, et le Pere cree par son Verbe, non le Verbe par le Pere; c'est
le Pere qui donne pouvoir et mission, c'est lui qui envoie le Fils
(Galat., iv, 4) de qui il est ecrit qu'il s'est rendu obeissant a son
Pere (Phil., ii, 8). Dans ses souffrances, c'est le Pere que le Fils
invoque, et il parle toujours de son pouvoir comme d'un don que le
Pere lui a fait. Quant a la sagesse dans le Fils, elle est nommee
textuellement dans l'Ecriture, Saint Jean dit aussi que le Pere a donne
tout jugement au Fils (v, 22), et le Verbe est _le Logos_, et _le Logos_
est la raison, dit saint Augustin[293]. Que la distribution des dons de
Dieu appartienne au Saint-Esprit, c'est ce qu'on lit partout; a lui donc
tout ce qui vient de la bonte. Ainsi la distinction des trois proprietes
se justifie. "Le dialecticien peut etre le meme que l'orateur, mais son
attribut comme orateur n'est pas le meme que comme dialecticien[294]."
[Note 293: _Quaest._ LXXXIII, c. XLIV.]
[Note 294: _Th. Chr._, p. 1309-1311.]
Si nous n'avions crainte de fatiguer le lecteur des redites necessaires
de l'argumentation scolastique, il y aurait ici une controverse
merveilleuse de subtilite a derouler devant lui; mais il faudrait la
donner tout entiere, car elle brille surtout par les details, par cette
methode minutieuse qui ne neglige aucune des formes successives du
raisonnement, qui poursuit la meme pensee sous toutes les expressions
possibles de la science. La grandeur manque a cette discussion, mais non
la rigueur, la sagacite, l'opiniatrete; les mathematiques seules offrent
des exemples analogues, parce qu'elles ont seules une langue comparable
et superieure encore comme instrument d'analyse a la langue systematique
des peripateticiens du moyen age.
Nous renoncons a donner, meme par echantillons, cette controverse, qui,
serieuse pour le fond, semblerait puerile de formel mais nous devons
dire qu'elle nous parait embrasser tout l'ensemble des objections
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