lle-meme, _per se_ (probablement en tant que personne divine), car
alors il y aurait une personne dans une personne, la personne du Verbe
dans celle de Jesus-Christ, et ainsi il y aurait deux personnes dans le
Christ. Le Verbe divin n'est en quelque sorte dans le Christ que comme
l'ame est dans le corps. On peut, on doit appeler ces deux natures les
parties de la personne.
"On trouve dans les autorites toutes ces locutions: _Dieu est homme;
l'homme est Dieu; le Christ est le fils de l'homme; le Christ est le
fils de Dieu; le Christ est Dieu et homme_. Aucune de ces locutions
n'est propre, hors une seule. Si la premiere doit etre prise au propre,
si Dieu est vraiment homme, l'eternel est temporel, le simple est
compose, le createur est creature, ainsi du reste. Ce n'est donc pas une
expression propre, la partie y est prise pour le tout, comme cela arrive
souvent. Exemple, une ame pour un homme, _videbit omnis caro salutare
Dei_ (Isaie, xlix, 26). Semblablement, quand nous disons: _Dieu est
homme_, cela n'est vrai qu'en partie, c'est pour: _Dieu s'unit l'homme_.
Par contre, _l'homme est Dieu_ signifie _l'homme est uni a Dieu_. Il
faut encore entendre comme vrais en partie ces mots: _le Christ est
homme_, ou _le Christ est Dieu_; il n'y a de vrai au sens propre que
cette expression: _le Christ est Dieu et homme_, c'est-a-dire le Christ
est le Verbe ayant l'homme, ou _le Christ est homme et_ "_Dieu_,
c'est-a-dire le Christ est l'homme ayant le Verbe[258]."
[Note 258: Epitom., c. XXIV, p. 68.]
Cependant l'unite de la personne ne conduit pas a l'unite de volonte;
la volonte de l'homme, que Dieu s'est uni, dont il a fait assomption,
_hominis assumpti_, ne peut etre identique a celle de Dieu le Pere;
c'est ce que prouve clairement cette parole de Jesus: "Mon Pere, que ce
calice s'eloigne de moi s'il est possible; cependant qu'il en soit, non
suivant ma volonte, mais suivant la tienne." (Math., XXVI, 39.) C'est
une humanite veritable que le fils de Dieu a prise, il a donc pris de
l'humanite les affections, les souffrances, les volontes, tout, hors
le peche. Il a voulu sa passion, en ce sens qu'il l'a jugee bonne et
salutaire, mais il ne l'a pas desiree, et sous ce rapport il ne l'a pas
voulue, car elle l'a fait souffrir dans toutes ses affections humaines,
autrement elle n'eut pas ete la passion.
Dans la volonte de Dieu elle-meme, il faut distinguer sa volonte qui
dispose et sa volonte qui approuve. Il dispose, en effet,
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