lle, il n'y a point de temps pour lui, tout lui est
present; aucune fatalite ne resulte donc de ce qu'il sait tout. Mais
il est vrai qu'il dispose tout: la disposition des choses depend de la
disposition divine, comme la passion de l'action; il n'y a point d'autre
destin, d'autre _fatum_ que la disposition divine. La predestination
n'est proprement que la disposition de Dieu ou sa providence appliquee
au bien, c'est la preparation de sa grace.
VI. Apres la sagesse de Dieu vient sa bonte. Celle-ci fait pour les
creatures tout ce qu'il est conforme a sa nature de faire; Dieu ne
connait ni l'envie ni la colere, les expressions contraires qui peuvent
se trouver dans l'Ecriture sont figuratives, elles se rapportent a des
dispositions de sa volonte qui ont pour nous, mais non pour lui, les
effets de la vengeance ou du courroux.
Ceci conduit a la contemplation des bienfaits de Dieu. Le premier, le
plus grand de tous, c'est l'incarnation. Ici se presente la question
celebre: _Cur Deus homo[257]?_ Dieu s'est fait homme pour nous montrer
son amour, et ainsi il nous a rachetes du joug du peche, non que nous
fussions, comme quelques-uns le pretendent, en la possession du demon,
mais dans la servitude du peche; le Christ nous en a delivres on
epanchant sur nous son amour, en offrant a Dieu le prix de notre
liberation et une victime pure. Un si grand exemple nous enseigne
l'humilite, et en considerant les tortures du Christ, les martyrs
eux-memes ont appris a ne pas s'enorgueillir de ce qu'ils souffraient
pour le ciel.
[Note 257: C'est le titre du chap. XXIII (p. 62). Il y a un traite de
saint Anselme sous le meme nom: _Car Deus homo_ libri duo (_Op._, p.
74). La doctrine du saint sur le mode et la necessite de l'incarnation
ne differe point essentiellement de celle de l'Epitome. La difference ne
roule que sur l'oeuvre meme de la redemption. Du reste, ou l'ordonnance
de l'Epitome s'ecarte un peu de celle de l'Introduction, au dans ce
dernier ouvrage l'auteur revenait a propos de la bonte de Dieu sur un
sujet deja traite a l'occasion de son immutabilite. Voyez ci-dessus p.
235.]
Dans l'incarnation, ainsi qu'on l'a deja vu, deux natures se sont unies
en une personne. Comme la chair et l'ame sont un seul homme, Dieu et
l'homme sont un seul Christ, similitude consacree par saint Athanase.
Entendez toutefois que bien que dans le Christ soit le Verbe, une des
trois personnes de la Trinite, cette personne divine n'est pas ici par
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