le peche ne peut etre evite, car il a ete
prevu de Dieu, et la Providence est infaillible. "Pour rompre cette
souriciere (_muscipulam_), considerons cette forte trame qu'Aristote
ourdit au commencement de l'_Hermeneia_: il nous y confirme la force du
principe de contradiction jusque dans les propositions au futur." Je
n'analyse point le raisonnement, il nous est connu; nous retrouvons ici
un resume substantiel de la theorie logique des futurs contingents.
"Grace a cette distinction d'un si grand philosophe, on peut aisement
refuter l'objection ordinaire contre la Providence: il est certain, nous
dit-on, que la Providence est infaillible[250]...."
[Note 250: _Introd_., t. III, p. 1130-1136.--Voyez aussi Arist.
_Hermen_., IV, IX, et ci-dessus, t. II, c. IV, t. I, p. 401.]
Ainsi se termine ce qui nous reste du troisieme livre de l'Introduction
a la Theologie, et avec lui l'ouvrage entier; un savant dit bien que la
suite s'en doit trouver dans la bibliotheque de Bodlei[251], mais si ce
manuscrit existe, il n'a jamais ete publie. Ainsi la discussion d'une
des questions les plus difficiles peut-etre auxquelles donne lieu la
Theodicee est restee suspendue, et par un hasard singulier, dans la
Theologie chretienne, ou sont repris tous les points traites dans
l'Introduction, cette question reste egalement irresolue. Le livre
V, qui repond au troisieme du present ouvrage, s'interrompt aussi
brusquement, et meme plus tot que celui-ci, apres la discussion relative
a la conciliation de la bonte de Dieu avec sa puissance, et il nous
manque la solution du grand probleme si bien prepare par Abelard. On ne
peut renoncer a l'esperance de posseder quelque jour l'Introduction
tout entiere; l'ouvrage etait probablement complet[252], et il peut se
retrouver tel dans quelque manuscrit inedit de quelque bibliotheque
inexploree. Mabillon pensait l'avoir rencontre dans un manuscrit en
trente-sept chapitres conserve en Baviere[253]; M. Rheinwald, dont les
recherches sont plus recentes, soupconne, non sans raison, le docte
benedictin d'avoir pris pour l'Introduction un ouvrage intitule: _Petri
Abaelardi Sententiae_ qu'il a publie en l'appelant _Epitome Theologiae
christinae_[254]. Il croit que c'est le Livre des Sentences denonce par
saint Bernard, condamne par le concile, desavoue par Abelard. Suivant
lui, le titre seul de Livre des Sentences aurait ete faux, et Abelard,
qui n'a pas discute pieces en main devant le concile, etait en droit
de de
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