e n'arrive
a l'existence qu'en quelque espece; il n'y a point d'animal qui existe
sans etre ou raisonnable ou denue deraison. Il est de la nature de
certaines especes d'exister simultanement avec leurs genres, comme
la quantite et l'unite, ou le nombre et le binaire[228]; de meme, la
sagesse divine, quoiqu'elle tienne tout de la divine puissance, n'a
point ete precedee par elle, Dieu ne pouvant aucunement etre sans
sagesse.
[Note 228: Dialect., para. I, I. II, p. 178 et 188.
On a egalement compare la Trinite au soleil, qui n'est ni la splendeur
ni la chaleur, la splendeur etant comme le Fils, la chaleur comme le
Saint-Esprit, et Abelard pense que pour designer la Trinite, Platon
s'est servi de cette comparaison[229]. Mais comme, suivant les
philosophes, ce n'est pas la substance meme du soleil qui est sa
splendeur et sa chaleur, et comme la chaleur ne vient pas a la fois du
soleil et de la splendeur, cette comparaison n'est pas suffisamment
exacte. Il y a une comparaison plus familiere qu'Anselme de Cantorbery a
prise a saint Augustin[230], celle de la source, du ruisseau et du
lac. Mais cette similitude est defectueuse par rapport a l'identite de
substance des trois personnes: l'eau de la source, du ruisseau et du lac
n'est la meme que successivement, et aucune succession de temps ne peut
etre admise entre les personnes eternelles de la Trinite[231].
[Note 229: Je ne vois pas cette comparaison dans le _Timee_; mais elle
est frequente dans les Alexandrins.]
[Note 230: S. Aug., _De fid. et se Symb._, c. VIII.--S. Ans., op. _Lib.
de fid. Trin., c. VIII, p. 48.]
[Note 231: _Introd._, p. 1077-1084. Cf. _Theol. Christ._, t. IV, p.
1310.]
A la generation du Fils il faut maintenant comparer la procession. Le
Saint-Esprit, c'est la bonte; la bonte ou charite n'est pas en Dieu
puissance ou sagesse. Elle suppose deux termes, nul n'a de charite
envers soi-meme. Dieu procede, c'est-a-dire s'etend en quelque sorte par
l'amour vers ce qu'il aime. "Aussi, quoique le Fils soit du Pere autant
que le Saint-Esprit, l'un est engendre, l'autre procede; la difference,
c'est que celui qui est engendre est de la substance du Pere, la sagesse
etant une certaine puissance, tandis que l'affection de la charite
appartient plus a la bonte de l'ame qu'a sa puissance..... Quoique
beaucoup de docteurs ecclesiastiques soutiennent que le Saint-Esprit est
aussi de la substance du Pere, e'est-a-dire qu'il est tellement par
le Pere qu'il est
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