yale est la
forme. Le sceau est essentiellement airain, mais les proprietes de
l'airain et du sceau sont si differentes que le propre de l'un n'est pas
le propre de l'autre, et malgre une meme essence, on doit dire que le
sceau est d'airain et non l'inverse: l'airain est la matiere du sceau,
non le sceau celle de l'airain; l'airain d'ailleurs ne peut etre la
matiere de lui-meme, quoiqu'il soit celle du sceau, qui lui-meme est
airain. Le sceau, une fois fait, est propre a sceller, quoiqu'il ne
scelle pas actuellement. Lorsqu'il s'imprime dans la cire, il y a dans
la cire trois choses diverses de propriete, savoir: l'airain, le
sceau, ou ce qui est propre a sceller (sigillabile), et le scellant
(sigillans); le propre a sceller, ou le sceau, est fait d'airain, et le
scellant resulte de l'airain et du sceau. Toutes ces proprietes diverses
sont dans une meme essence.
"En rapportant," dit Abelard, "ces distinctions en de justes
proportions a la Trinite, nous pouvons refuter, par les raisonnements
philosophiques, les pseudo-philosophes qui nous infestent. Comme le
sceau d'airain est d'airain, comme il est en quelque sorte engendre de
l'airain, ainsi le Fils tient l'etre de la substance de Dieu le Pere" et
c'est pour cela qu'il est dit engendre. On a vu que toute sagesse est
puissance, puissance de resister ou d'echapper a l'ignorance et a
l'erreur; ainsi la sagesse est une certaine puissance, comme le sceau
d'airain est un certain airain. Suivant cette similitude, la sagesse
tient son etre de la puissance" comme le sceau de l'airain, comme
l'espece du genre, le genre etant comme la matiere de l'espece. Le sceau
exige necessairement que l'airain existe, la sagesse divine, exige
necessairement que la puissance existe; mais pour les deux cas, la
reciproque n'est pas vraie. Comme l'airain, en effet, sert au sceau et a
d'autres choses, la puissance sert a discerner, mais aussi a operer, et
comme le sceau d'airain est dit etre de la substance ou de l'essence de
l'airain, puisqu'il est un certain airain, la divine sagesse est dite
de la substance de la divine puissance, puisqu'elle est une certaine
puissance, ce qui revient a dire que le Fils est de la substance du Pere
ou qu'il est engendre par lui. Les philosophes disaient, en effet, que
l'espece est engendree ou creee du genre en ce sens qu'elle en tient
l'etre; il ne s'ensuit pas necessairement que le genre precede ses
especes dans le temps ou par l'existence, car jamais le genr
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