eut, ou la puissance et la
sagesse. Le sceau tient l'etre de l'airain, et le _scellant_ de l'airain
et du sceau; mais le sceau est surtout dans la forme de l'image qui y
est gravee. Ainsi le Fils seul est dit etre _dans la forme de Dieu, et
la figure de sa substance_ [234], en l'image meme du Pere; il lui est
uni d'une telle parente, pour ainsi dire, qu'il est non-seulement
de meme substance, mais de sa substance meme. Puis, comme le sceau
_procede_, c'est-a-dire entre dans un autre, ou s'imprime dans un
corps mou pour lui donner la forme de l'image qui etait deja dans sa
substance, le Saint-Esprit se communique a nous par la distribution de
ses dons, et il y reforme l'image effacee de Dieu [235].
[Note 234: "Jesus-Christ," dit saint Paul, "_qui ayant la forme et la
nature de Dieu, [Grec: en morphe Theou]_, n'a point cru que ce fut pour
lui une usurpation d'etre egal a Dieu." (Phil. II, 6. Trad. de Sacy.)
Bergier veut qu'on traduise: _etant une personne divine_. (Art.
_Trinite_, sec.1.) Quant a ces mots, _figura substantiae ejus_ (Heb. I,
3.), Bossuet les traduit ainsi: "Le fils de de Dieu est le caractere
et l'empreinte de sa substance." Et il en induit la comparaison avec
l'empreinte du sceau gravee dans la cire. (_Elev. sur les Myst.,_ sem
II, elev. III.)]
[Note 235: Abelard dans le texte resume ici en termes formels et
scientifiques la comparaison avec le sceau d'airain. Il en resulte
qu'ainsi que le _materie_ est de sa matiere et que le sceau est
d'airain, la sagesse divine tient l'etre de la puissance divine, _ex
divina potentia esse habet_ (p. 1088); en sorte qu'il y a identite de
substance, mais non de propriete, entre les deux personnes. On peut donc
et on ne peut pas dire: le Pere est le Fils, le Fils est le Pere, comme
on peut dire que le sceau est airain, _sigillum est res_, et l'inverse;
il ne faut seulement que bien s'entendre. Au reste ce point nous parait
plus sagement traite dans la theologie chretienne (t. IV, p. 1311).]
Les Grecs, pour nier la double procession, s'appuient sur ces mots de
l'Ecriture: _L'Esprit qui procede du Pere_. (Jean, xv, 26.) Rien
de plus. Mais tout ce qu'il faut croire n'est pas dans les livres
canoniques; on n'y lit point que les personnes de la Trinite soient
coeternelles et coegales, et que chacune d'elles soit Dieu; on n'y lit
point que Pilate s'appelat Ponce, ou que l'ame du Christ fut descendue
aux enfers. Beaucoup de choses necessaires a la foi ont ete depuis
l'Evan
|