on
plausible que le Pere aime le Fils, que le Fils aime le Pere, et que de
cette charite ineffable et mutuelle resulte le Saint-Esprit. Mais quand
les creatures ne seraient pas necessaires, l'amour de Dieu pour elles
le serait comme etant dans sa nature: sa bonte est un attribut
indefectible. Cela suffit. Sans etre ni moindre ni plus grande, elle est
parfaite, et Ton ne saurait admettre que le Pere donne son amour au Fils
et le Fils au Pere: rien ne peut etre donne a celui a qui rien ne peut
manquer[238].
[Note 238: _Introd._, p. 1089-1102.--Cette fin du livre II de
l'Introduction repond a celle du chap. XIX de l'_epitome_ (p. 51).]
Le troisieme livre de l'Introduction a la Theologie a pour objet
d'approfondir la connaissance de la divinite, en eclaircissant tous les
points difficiles par _les raisons les plus vraisemblables et les plus
dignes_ (_honestissimis_), afin que la perfection du souverain bien,
mieux connue, inspire un plus vif amour. Jusqu'ici nous avons defendu
notre profession de foi, il faut maintenant la developper.
I. Mais d'abord la sublimite divine peut-elle etre l'objet des
recherches de l'humaine raison, et le Createur peut-il par elle se faire
connaitre de sa creature? ou bien faut-il que Dieu se manifeste par
quelque signe sensible, soit en envoyant un ange, soit en apparaissant
sous la forme d'un esprit? C'est, en effet, ainsi que le Createur
invisible s'est visiblement revele dans le paradis terrestre. Mais le
propre de la raison est de franchir le sens, d'atteindre les choses
insensibles; plus une chose est de nature subtile et superieure au sens,
plus elle est du ressort de la raison et doit provoquer l'etude de la
raison. C'est par la raison principalement que l'homme est l'image de
Dieu, et il n'est rien que la raison doive etre plus propre a concevoir
que ce dont elle a recu la ressemblance. Il est facile de conclure
des semblables aux semblables, et chacun doit connaitre aisement par
l'examen de soi-meme ce qui a une nature semblable a la sienne." Si
d'ailleurs le secours des sens parait necessaire, si l'on veut s'elever
du sensible a l'intelligible, reste le spectacle admirable de la
creation et de l'ordonnance universelle. "A la qualite de l'ouvrage,
nous pouvons juger de l'industrie de l'ouvrier absent."
II. Le gouvernement du monde, qui atteste l'existence de Dieu, prouve
egalement son unite; c'est ce qui ressort de l'harmonie de l'ensemble.
Dieu est le souverain bien, le souver
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