ui ne servent ni a l'avantage ni a la dignite,
attestent-elles une puissance veritable? Est-ce impuissance de Dieu que
de ne pouvoir pecher comme nous? L'homme peut marcher, parce qu'il en
a besoin. Cette faculte manifeste en nous un defaut plutot qu'une
puissance; d'ailleurs tout ce que nous faisons ne doit-il pas etre
attribue a la puissance de celui qui se sert de nous comme d'instruments
et fait en quelque sorte tout ce qu'il nous fait faire? Ainsi, quoiqu'il
ne puisse marcher, il fait que nous marchions; il peut donc tout, non
qu'il puisse executer toutes les actions, mais parce que s'il veut
qu'une chose se fasse, rien ne peut resister a sa volonte.
Toutefois, si l'on admet qu'il fait tout ce qu'il veut, comme il veut
que tous les hommes soient sauves (I Tim, II, 4), il faut professer le
salut universel. C'est qu'il a deux manieres de vouloir: il veut dans
l'ordre de sa providence, et alors il delibere, dispose, institue ce
qui posterieurement s'accomplit; ou bien il veut sous la forme de
l'exhortation et de l'approbation, c'est-a-dire qu'il instruit les
hommes des choses que par sa grace il recompense; ainsi il les exhorte
au salut, mais peu lui obeissent. Il veut la conversion du pecheur,
c'est-a-dire qu'il lui fait connaitre ce qu'il veut recompenser; il
promet sa grace, il annonce les chatiments, il revele sa volonte et nous
laisse le soin de l'accomplir.
Dieu peut-il plus et mieux qu'il ne fait? Les choses qu'il fait,
pourrait-il renoncer a les faire? L'affirmative ou la negative nous
expose a de grandes anxietes; la premiere oterait beaucoup a sa
souveraine bonte: s'il ne fait pas un bien qu'il peut faire, ou s'il
renonce a un bien qu'il devait faire, il est jaloux ou injuste. Mais la
parfaite bonte de Dieu est hors de question, d'ou la consequence que
tout ce que fait Dieu est aussi bon que possible. Il n'est rien qu'il
ne fasse ou qu'il n'omette, si ce n'est pour une cause excellente et
raisonnable, encore qu'elle nous soit inconnue; il fait une chose, non
parce qu'il la veut, mais il la veut parce qu'elle est bonne. Il n'est
point de ceux dont _il est ecrit_:
Hoc volo, sic jubeo, sit pro ratione voluntas.
Ce qu'il fait ou ce qu'il abandonne, il y a une juste cause de le faire
ou de l'abandonner; d'ou il resulte que ce qu'il fait il faut qu'il le
fasse, c'est-a-dire qu'il est juste de le faire, et ce qu'il est juste
de faire, il serait injuste de ne le pas faire.
Quand il s'agit de Dieu, "la ou
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