e metaphysiciens, ni
comme theologiens que vous devez les envisager: aux yeux du legislateur,
tout ce qui est utile au monde et bon dans la pratique, est la verite.
L'idee de l'Etre supreme et de l'immortalite de l'ame est un rappel
continuel a la justice; elle est donc sociale et republicaine.... Qui donc
t'a donne, s'ecrie encore Robespierre, la mission d'annoncer au peuple que
la Divinite n'existe pas? O toi qui te passionnes pour cette aride
doctrine, et qui ne te passionnas jamais pour la patrie! quel avantage
trouves-tu a persuader a l'homme qu'une force aveugle preside a ses
destinees et frappe au hasard le crime et la vertu? que son ame n'est qu'un
souffle leger qui s'eteint aux portes du tombeau? L'idee de son neant lui
inspirera-t-elle des sentimens[1] plus purs et plus eleves que celle de son
immortalite? Lui inspirera-t-elle plus de respect pour ses semblables et
pour lui-meme, plus de devouement pour la patrie, plus d'audace a braver la
tyrannie, plus de mepris pour la mort ou pour la volupte? Vous, qui
regrettez un ami vertueux, vous aimez a penser que la plus belle partie de
lui-meme a echappe au trepas! Vous, qui pleurez sur le cercueil d'un fils
ou d'une epouse, etes-vous console par celui qui vous dit qu'il ne reste
plus d'eux qu'une vile poussiere? Malheureux qui expirez sous les coups
d'un assassin, votre dernier soupir est un appel a la justice eternelle!
L'innocence sur l'echafaud fait palir le tyran sur son char de triomphe.
Aurait-elle cet ascendant si le tombeau egalait l'oppresseur et
l'opprime?..."
Robespierre, s'attachant toujours a saisir le cote politique de la
question, ajoute ces observations remarquables: "Prenons ici, dit-il, les
lecons de l'histoire. Remarquons, je vous prie, comment les hommes qui ont
influe sur la destinee des etats furent determines vers l'un ou l'autre des
deux systemes opposes, par leur caractere personnel, et par la nature meme
de leurs vues politiques. Voyez-vous avec quel art profond Cesar, plaidant
dans le senat romain en faveur des complices de Catilina, s'egare dans une
digression contre le dogme de l'immortalite de l'ame, tant ces idees lui
paraissent propres a eteindre dans le coeur des juges l'energie de la
vertu, tant la cause du crime lui parait liee a celle de l'atheisme!
Ciceron, au contraire, invoquait contre les traitres et le glaive des lois
et la foudre des dieux. Socrate mourant entretient ses amis de
l'immortalite de l'ame. Leonidas, aux Thermop
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