age dans les luttes de vaisseau a vaisseau, trouvaient
des feux terribles et des abordages formidables. C'est au milieu de cette
action acharnee que le vaisseau _le Vengeur_, demate, a moitie detruit, et
pres de couler, refusa d'amener son pavillon, au risque de s'abimer sous
les eaux. Les Anglais cesserent les premiers le feu, et se retirerent
etonnes d'une pareille resistance. Ils avaient pris six de nos vaisseaux.
Le lendemain Villaret-Joyeuse, ayant reuni son avant-garde et sa droite,
voulait fondre sur eux et leur enlever leur proie. Les Anglais, fort
endommages, nous auraient peut-etre cede la victoire. Jean-Bon-Saint-Andre
s'opposa a un nouveau combat malgre l'enthousiasme des equipages. Les
Anglais purent donc regagner paisiblement leurs ports; ils y rentrerent
epouvantes de leur victoire, et pleins d'admiration pour la bravoure de nos
jeunes marins. Mais le but essentiel de ce terrible combat etait rempli.
L'amiral Venstabel avait traverse, pendant cette journee du 13, le champ de
bataille du 10, l'avait trouve couvert de debris; et etait entre
heureusement dans les ports de France.
Ainsi, victorieux aux Pyrenees et aux Alpes, menacans dans les Pays-Bas,
heroiques sur mer, et assez forts pour disputer cherement une victoire
navale aux Anglais, nous commencions l'annee 1794 de la maniere la plus
brillante et la plus glorieuse.
CHAPITRE XXI.
SITUATION INTERIEURE AU COMMENCEMENT DE L'ANNEE 1794.--TRAVAUX
ADMINISTRATIFS DU COMITE.--LOIS DES FINANCES.--CAPITALISATION DES RENTES
VIAGERES.--ETAT DES PRISONS.--PERSECUTIONS POLITIQUES.--NOMBREUSES
EXECUTIONS.--TENTATIVE D'ASSASSINAT SUR ROBESPIERRE ET COLLOT
D'HERBOIS.--DOMINATION DE ROBESPIERRE.-LA SECTE DE LA _mere de Dieu_.--DES
DIVISIONS SE MANIFESTENT ENTRE LES COMITES.--FETE A L'ETRE SUPREME.--LOI DU
22 FRIMAIRE REORGANISANT LE TRIBUNAL REVOLUTIONNAIRE.--TERREUR
EXTREME.-GRANDES EXECUTIONS A PARIS.--MISSIONS DE LEBON, CARRIER ET
MAIGNET; CRUAUTES ATROCES COMMISES PAR EUX.--NOYADES DANS LA
LOIRE.--RUPTURE ENTRE LES CHEFS DU COMITE DE SALUT PUBLIC; RETRAITE DE
ROBESPIERRE.
Tandis qu'au dehors la republique etait victorieuse, son etat interieur
n'avait pas cesse d'etre violent. Ses maux etaient toujours les memes:
c'etaient les assignats, le _maximum_, la rarete des subsistances, la loi
des suspects, les tribunaux revolutionnaires.
Les embarras resultant de la necessite de regler tous les mouvemens du
commerce n'avaient fait que s'accroitre. On etai
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