que des intrigans qu'il fallait achever de
detruire. Aussi ne manquerent-ils pas d'exclure Tallien de leur comite de
correspondance, parce qu'il n'avait pas repondu aux accusations dirigees
contre lui dans la seance du 24. Des ce jour, Collot et Billaud-Varennes,
sentant l'influence de Robespierre, s'abstinrent de paraitre aux Jacobins.
Qu'auraient-ils pu dire? Ils n'auraient pu exposer leurs griefs tout
personnels, et faire le public juge entre leur orgueil et celui de
Robespierre. Il ne leur restait qu'a se taire et a attendre. Robespierre et
Couthon avaient donc le champ libre. Le bruit d'une nouvelle proscription
ayant produit un effet dangereux, Couthon se hata de dementir devant la
societe les projets qu'on leur supposait contre vingt-quatre et meme
soixante membres de la convention. "Les ombres de Danton, d'Hebert, de
Chaumette, se promenent, dit-il, encore parmi nous; elles cherchent a
perpetuer le trouble et la division. Ce qui s'est passe dans la seance du
24 en est un exemple frappant; on veut diviser le gouvernement, discrediter
ses membres, en les peignant comme des Sylla et des Neron; on delibere en
secret, on se reunit, on forme de pretendues listes de proscription, on
effraie les citoyens pour en faire des ennemis de l'autorite publique. On
repandait, il y a peu de jours, le bruit que les comites devaient faire
arreter dix-huit membres de la convention; deja meme on les nommait.
Defiez-vous de ces insinuations perfides; ceux qui repandent ces bruits
sont des complices d'Hebert et de Danton; ils craignent la punition de leur
conduite criminelle; ils cherchent a s'accoler des gens purs, dans l'espoir
que, caches derriere eux, ils pourront aisement echapper a l'oeil de la
justice. Mais rassurez-vous, le nombre des coupables est heureusement tres
petit; il n'est que de quatre, de six peut-etre; et ils seront frappes, car
le temps est venu de delivrer la republique des derniers ennemis qui
conspirent contre elle. Reposez-vous de son salut sur l'energie et la
justice des comites."
Il etait adroit de reduire a un petit nombre les proscrits que Robespierre
voulait frapper. Les jacobins applaudirent, suivant l'usage, le discours de
Couthon; mais ce discours ne rassura aucune des victimes menacees, et ceux
qui se croyaient en peril n'en continuerent pas moins de coucher hors de
leurs maisons. Jamais la terreur n'avait ete plus grande, non-seulement
dans la convention, mais dans les prisons, et par toute la France.
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