justice dont on avait paye ses services, et demanda
que le comite de salut public fut charge de faire un rapport sur son
compte, quoique dans ce comite, dit-il, se trouvassent deux de ses
accusateurs. Il demanda le rapport sous trois jours. On accorda ce qu'il
demandait, sans ajouter une seule reflexion, et toujours au milieu du meme
silence. Barrere lui succeda a la tribune; il vint faire un grand rapport
sur l'etat comparatif de la France en juillet 93 et en juillet 94. Il est
certain que la difference etait immense, et que si on comparait la France
dechiree a la fois par le royalisme, le federalisme et l'etranger, a la
France victorieuse sur toutes les frontieres et maitresse des Pays-Bas, on
ne pouvait s'empecher de rendre des actions de graces au gouvernement qui
avait opere ce changement en une annee. Ces eloges donnes au comite etaient
la seule maniere dont Barrere osat indirectement attaquer Robespierre; il
le louait meme expressement dans son rapport. A propos des agitations
sourdes qu'on voyait regner et des cris imprudens de quelques perturbateurs
qui demandaient un 31 mai, il disait "qu'un representant qui jouissait
d'une reputation patriotique meritee par cinq annees de travaux, par ses
principes imperturbables d'independance et de liberte, avait refute avec
chaleur ces propos contre-revolutionnaires." La convention ecouta ce
rapport, et chacun se separa ensuite dans l'attente de quelque evenement
important. On se regardait en silence, et on n'osait ni s'interroger, ni
s'expliquer.
Le lendemain 8 thermidor, Robespierre se decida a prononcer son fameux
discours. Tous ses agens etaient disposes, et Saint-Just arrivait dans la
journee. La convention, en le voyant paraitre a cette tribune ou il ne se
montrait que rarement, s'attendait a une scene decisive. On l'ecouta avec
un morne silence. "Citoyens, dit-il, que d'autres vous tracent des tableaux
flatteurs; je viens vous dire des verites utiles. Je ne viens point
realiser des terreurs ridicules, repandues par la perfidie; mais je veux
etouffer, s'il est possible, les flambeaux de la discorde par la seule
force de la verite. Je vais defendre devant vous votre autorite outragee et
la liberte violee. Je me defendrai moi-meme: vous n'en serez pas surpris,
vous ne ressemblez point aux tyrans que vous combattez. Les cris de
l'innocence outragee n'importunent point votre oreille, et vous n'ignorez
pas que cette cause ne vous est point etrangere." Robespierre fait ensu
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