fait choix pour les appliquer, et la docilite avec laquelle les
justices extraordinaires suivent la direction du gouvernement qui les
institue, etaient une garantie contre de nouvelles cruautes.
Toutes ces formes furent executees du 1er au 15 fructidor (fin d'aout). Il
restait une institution importante a etablir, c'etait la liberte de la
presse. Aucune loi ne lui tracait de bornes; elle etait meme consacree
d'une maniere illimitee dans la declaration des droits; neanmoins elle
avait ete proscrite de fait, sous le regime de la terreur. Une seule parole
imprudente pouvant compromettre la tete des citoyens, comment auraient-ils
ose ecrire? Le sort de l'infortune Camille Desmoulins avait assez prouve
l'etat de la presse a cette epoque. Durand-Maillane, ex-constituant, et
l'un de ces esprits timides qui s'etaient completement annules pendant les
orages de la convention, demanda que la liberte de la presse fut de nouveau
formellement garantie. "Nous n'avons jamais pu, dit cet excellent homme a
ses collegues, nous faire entendre dans cette enceinte, sans etre exposes a
des insultes et a des menaces. Si vous voulez notre avis dans les
discussions qui s'eleveront a l'avenir; si vous voulez que nous puissions
contribuer de nos lumieres a l'oeuvre commune, il faut donner de nouvelles
suretes a ceux qui voudront ou parler ou ecrire."
Quelques jours apres, Freron, l'ami et le collegue de Barras dans sa
mission a Toulon, le familier de Danton et de Camille Desmoulins, et depuis
leur mort, l'ennemi le plus fougueux du comite de salut public, Freron unit
sa voix a celle de Durand-Maillane, et demanda la liberte illimitee de la
presse. Les avis se partagerent. Ceux qui avaient vecu dans la contrainte
pendant la derniere dictature, et qui voulaient enfin donner impunement
leur avis sur toutes choses, ceux qui etaient disposes a reagir
energiquement contre la revolution, demandaient une declaration formelle,
pour garantir la liberte de parler et d'ecrire. Les montagnards, qui
pressentaient l'usage qu'on se proposait de faire de cette liberte, qui
voyaient un debordement d'accusations se preparer contre tous les hommes
qui avaient exerce quelques fonctions pendant la terreur; beaucoup d'autres
encore qui, sans avoir de crainte personnelle, appreciaient le dangereux
moyen qu'on allait fournir aux contre-revolutionnaires, deja fourmillant de
toutes parts, s'opposaient a une declaration expresse. Ils donnaient pour
raison que la declaratio
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