autorites revolutionnaires, choisit vingt ou trente
membres les plus moderes du club, et les chargea de faire l'epuration des
autres.
Lorsqu'ils etaient chasses des municipalites, dans les provinces, les
revolutionnaires faisaient comme a Paris; ils se retiraient ordinairement
dans le club jacobin. Si le club etait epure, ils l'envahissaient de
nouveau apres le depart des representans[1], ou en formaient un autre. La,
ils tenaient des discours plus violens encore qu'autrefois, et se livraient
a tout le delire de la colere et de la peur, car ils voyaient la vengeance
partout. Les jacobins de Dijon envoyerent a ceux de Paris une adresse
incendiaire. A Lyon, ils presentaient un ensemble non moins dangereux; et
comme la ville se trouvait encore sous le poids des terribles decrets de la
convention, les representans etaient genes pour reprimer leur fureur. A
Marseille, ils furent plus audacieux; joignant a l'emportement de leur
parti celui du caractere local, ils formerent un rassemblement
considerable, entourerent une salle ou les deux representans Auguis et
Serres etaient a table, et leur depecherent des envoyes qui, le sabre et le
pistolet a la main, vinrent demander la liberte des patriotes detenus. Les
deux representans deployerent la plus grande fermete; mais, mal soutenus
par la gendarmerie, qui avait constamment seconde les cruautes du dernier
regime, et qui avait fini par s'en croire complice et responsable, ils
manquerent d'etre etouffes et egorges. Cependant plusieurs bataillons de
Paris, qui se trouvaient dans le moment a Marseille, vinrent degager les
representans[1], et dissiperent le rassemblement. A Toulouse, les jacobins
formerent aussi des emeutes. Il y avait la quatre individus: un directeur
des postes, un secretaire du district, et deux comediens, qui s'etaient
rendus chefs du parti revolutionnaire. Ils avaient forme un comite de
surveillance pour tout le Midi, et etendaient leur tyrannie fort au-dela de
Toulouse. Ils s'opposerent aux reformes et aux emprisonnemens ordonnes par
les representans d'Artigoyte et Chaudron-Rousseau, souleverent la societe
populaire, et eurent l'audace de faire declarer par elle que ces deux
representans avaient perdu la confiance du peuple. Vaincus cependant, ils
furent renfermes avec leurs principaux complices.
Ces scenes se reproduisaient partout avec plus ou moins de violence,
suivant le caractere des habitans des provinces. Neanmoins les jacobins
etaient partout reprimes.
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