ndre aussi sa
voix energique. "Quels sont ceux, dit-il, qui blament nos operations? c'est
une poignee d'hommes de proie. Regardez-les en face: vous verrez sur leur
figure un vernis compose avec le fiel des tyrans." Ces expressions, qui
etaient dirigees contre la figure sombre et livide de Billaud-Varennes,
sont vivement applaudies. "De quoi vous plaignez-vous, continue Legendre,
vous qui nous accusez sans cesse? Est-ce de ce qu'on ne fait plus
incarcerer les citoyens par centaines? de ce qu'on ne guillotine plus
cinquante, soixante et quatre-vingts personnes par jour? Ah! je l'avoue, en
cela notre plaisir est different du votre, et notre maniere de deblayer les
prisons n'est pas la meme. Nous nous y sommes transportes; nous avons fait,
autant que nous l'avons pu, la distinction des aristocrates et des
patriotes; si nous nous sommes trompes, nos tetes sont la pour en repondre.
Mais tandis que nous reparons des crimes, que nous cherchons a vous faire
oublier que ces crimes sont les votres, pourquoi allez-vous dans une
societe fameuse, nous denoncer, et egarer le peuple, heureusement peu
nombreux, qui s'y porte? Je demande, ajoute Legendre en finissant, que la
convention prenne les moyens d'empecher ses membres d'aller precher la
revolte aux Jacobins." La convention adopte la proposition de Legendre, et
charge les comites de lui presenter ces moyens.
La convention et les jacobins etaient ainsi en presence, et dans cette
situation ou, tous les discours etant epuises, il ne reste plus qu'a
frapper. L'intention de detruire cette societe celebre commencait a n'etre
plus douteuse; il fallait seulement que les comites eussent le courage d'en
faire la proposition. Les jacobins le sentaient, et se plaignaient dans
toutes leurs seances de ce qu'on voulait les dissoudre; ils comparaient le
gouvernement actuel a Leopold, a Brunswick, a Cobourg, qui avaient aussi
demande leur dissolution. Un mot surtout, prononce a la tribune, leur avait
fourni un texte fecond pour se pretendre calomnies et attaques. Il avait
ete dit que dans des lettres saisies se trouvait la preuve que le comite
des emigres en Suisse etait d'accord avec les jacobins de Paris. Si on
voulait dire seulement par la que les emigres souhaitaient des agitations
qui troublassent la marche du gouvernement, on avait raison sans doute. Une
lettre saisie sur un emigre portait en effet que l'espoir de vaincre la
revolution par les armes etait une folie, et qu'il fallait chercher
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