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Quelques applaudissemens[1] se font entendre a la Montagne en faveur de
Billaud, mais une partie des tribunes et de l'assemblee laissent eclater le
rire avec plus de force, et semblent n'eprouver que cette insultante pitie
qu'inspire la puissance renversee, balbutiant de vaines paroles pour sa
justification. Tallien se hate de succeder a Billaud pour repousser ses
reproches. "Il est temps, dit-il, de repondre a ces hommes qui veulent
diriger les mains du peuple contre la convention." Personne ne le veut,
s'ecrient quelques voix dans la salle.--Oui, oui, repondent d'autres, on
veut diriger les mains du peuple contre la convention! "Ce sont, continue
Tallien, ces hommes qui ont peur en voyant le glaive suspendu sur les tetes
criminelles, en voyant la lumiere portee dans toutes les parties de
l'administration, la vengeance des lois prete a s'appesantir contre les
assassins; ce sont ces hommes qui s'agitent aujourd'hui, qui pretendent que
le peuple doit se reveiller, qui veulent egarer les patriotes en leur
persuadant qu'ils sont tous compromis, et qui esperent enfin, a la faveur
d'un mouvement general, empecher de poursuivre les approbateurs ou les
complices de Carrier." Des applaudissemens universels interrompent Tallien.
Billaud, qui ne veut pas de cette complicite avec Carrier, s'ecrie de sa
place: "Je declare que je n'ai point approuve la conduite de Carrier." On
ne fait pas attention a cette parole de Billaud, on applaudit Tallien, et
celui-ci continue. "Il n'est pas possible, ajoute-t-il, que l'on souffre
plus long-temps deux autorites rivales, que l'on permette a des membres,
qui se taisent ici, d'aller ensuite denoncer ailleurs ce que vous avez
fait." Non, non, s'ecrient plusieurs voix; point d'autorites rivales de la
convention! "Il ne faut pas, reprend Tallien, qu'on aille, quelque part que
ce soit, deverser l'ignominie sur la convention et sur ceux de ses membres
auxquels elle a confie le gouvernement. Je ne prendrai, ajoute-t-il, aucune
conclusion dans ce moment. Il suffit que cette tribune ait repondu a ce qui
a ete dit dans une autre; il suffit que l'unanimite de la convention soit
fortement prononcee contre les hommes de sang."
De nouveaux applaudissemens prouvent a Tallien que l'assemblee est decidee
a seconder tout ce qu'on voudra faire contre les Jacobins. Bourdon (de
l'Oise) appuie les paroles du preopinant, quoiqu'en beaucoup de questions
il differat de ses amis les thermidoriens. Legendre fait ente
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