idney!"
Ce discours electrisa tous les esprits; on applaudit Billaud-Varennes, on
se serra autour de lui, on se promit de faire cause commune avec tous les
patriotes menaces, et de se defendre jusqu'a la mort.
Dans la situation ou etaient les partis, une pareille seance ne pouvait
manquer d'exciter une grande attention. Ces paroles de Billaud-Varennes,
qui jusque-la s'etait abstenu de se montrer a aucune des deux tribunes,
etaient une veritable declaration de guerre. Les thermidoriens les prirent
en effet comme telles. Le lendemain, Bentabolle saisit le journal de la
Montagne, ou etait le compte rendu de la seance des Jacobins, et denonce
ces expressions de Billaud-Varennes: _Le lion n'est pas mort quand il
sommeille, et a son reveil il extermine tous ses ennemis_. A peine
Bentabolle a-t-il le temps d'achever la lecture de cette phrase que les
montagnards se soulevent, l'accablent d'injures, et lui disent qu'il est du
nombre de ceux qui ont fait elargir les aristocrates. Duhem le traite de
coquin. Tallien demande vivement la parole pour Bentabolle, qui, effraye du
tumulte, veut descendre de la tribune. Cependant on l'y fait rester: il
demande alors qu'on oblige Billaud-Varennes a s'expliquer sur le _reveil du
lion_. Billaud prononce quelques mots de sa place. A la tribune! lui
crie-t-on de toutes parts; il resiste, mais il est enfin oblige d'y monter,
et de prendre la parole. "Je ne desavoue pas, dit-il, l'opinion que j'ai
emise aux Jacobins; tant que j'ai cru qu'il ne s'agissait que de querelles
individuelles, j'ai garde le silence, mais je n'ai pu me taire quand j'ai
vu l'aristocratie se lever plus menacante que jamais." A ces derniers mots
le rire eclate dans une tribune, on fait du bruit dans une autre. "Faites
sortir les chouans!" s'ecrie-t-on a la Montagne. Billaud continue au milieu
des applaudissemens des uns et des murmures des autres. Il dit, d'une voix
embarrassee, qu'on a elargi des royalistes connus, et enferme les patriotes
les plus purs; il cite madame de Tourzel, la gouvernante des enfans de
France, qu'on vient de mettre en liberte, et qui peut former a elle seule
un noyau de contre-revolution. On eclate de rire a ces derniers mots. Il
ajoute que la conduite secrete des comites dement le langage public des
adresses de la convention; que, dans un pareil etat de choses, il a ete
fonde a parler du reveil necessaire des patriotes, car c'est le sommeil des
hommes sur leurs droits qui les conduit a l'esclavag
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