trouvaient;
ils resterent dehors, invitant les jeunes gens a se dissiper, et promettant
de faire rendre leurs camarades. En effet, ils dissiperent peu a peu les
groupes; ils firent ensuite evacuer la salle des Jacobins, et renvoyerent
tout le monde chez soi.
Le calme retabli, ils retournerent vers leurs collegues, et les quatre
comites passerent la nuit a discuter sur le parti a prendre. Les uns
etaient d'avis de suspendre les jacobins, les autres s'y opposaient.
Thuriot surtout, quoique l'un des adversaires de Robespierre au 9
thermidor, commencait a s'effrayer de la reaction, et semblait pencher pour
les jacobins. On se separa sans avoir pris un parti.
Le lendemain matin (20 brumaire), une scene des plus violentes eclata dans
l'assemblee. Duhem fut le premier, comme on le pense bien, a soutenir que
la veille on avait egorge les patriotes, et que le comite de surete
generale n'avait pas fait son devoir. Les tribunes prenant part a la
discussion faisaient un bruit epouvantable, et semblaient d'un cote
appuyer, de l'autre contester les faits. On fit sortir les perturbateurs,
et immediatement apres une foule de membres demanderent la parole: Bourdon
(de l'Oise), Rewbell, Clausel, pour appuyer le comite; Duhem, Duroy,
Bentabolle pour le combattre. Chacun parla a son tour, presenta les faits
dans un sens, et fut interrompu par les dementis de ceux qui avaient vu les
faits dans un sens contraire. Les uns n'avaient apercu que des groupes ou
l'on maltraitait les patriotes; les autres n'avaient rencontre que des
groupes ou l'on maltraitait les jeunes gens, et ou l'on attaquait la
convention et les comites. Duhem, qui pouvait difficilement se contenir
dans toutes les discussions de ce genre, s'ecria que les coups avaient ete
diriges par les aristocrates qui dinaient chez la Cabarrus, et qui allaient
chasser au Raincy. On lui retira la parole, et ce qui demeura evident au
milieu de ce conflit d'assertions contraires, c'est que les comites, malgre
leur empressement a se reunir et a convoquer la force armee, n'avaient pu
cependant l'envoyer que fort tard sur les lieux; qu'une fois les
patrouilles dirigees vers la rue Saint-Honore, ils n'avaient pas voulu
degager les jacobins par la force, et s'etaient contentes de faire ecouler
peu a peu l'attroupement; qu'enfin, ils avaient montre une indulgence assez
naturelle pour les groupes qui criaient _Vive la convention!_, et dans
lesquels on ne disait pas que le gouvernement fut livre a
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