populaire dans les tribunes des
clubs pour applaudir les motions les plus violentes. Plusieurs membres de
la convention se montraient encore aux seances des jacobins; quelques-uns y
portaient leur celebrite, mais ils etaient silencieux et sombres: c'etaient
Collot-d'Herbois, Billaud-Varennes, Carrier. D'autres, tels que Duhem,
Crassous, Lanot, etc., y allaient par simple attachement pour la cause, et
sans raison personnelle de defendre leur conduite revolutionnaire.
C'etait au Palais-Royal, autour de la convention, dans les tribunes et dans
les sections, que se rencontraient les deux partis. Dans les sections
surtout, ou ils avaient a deliberer et a discuter, les rixes devenaient
extremement violentes. On colportait alors des unes aux autres l'adresse
des jacobins aux societes affiliees, et on voulait l'y faire lire. On avait
aussi a lire, par decret, le rapport de Robert-Lindet sur l'etat de la
France, rapport qui en faisait un tableau si fidele, et qui exprimait d'une
maniere si convenable les sentimens dont la convention et tous les honnetes
gens etaient animes. Cette lecture devenait chaque decadi le sujet des plus
vives contestations. Les revolutionnaires demandaient a grands cris
l'adresse des jacobins; leurs adversaires demandaient le rapport de Lindet.
On poussait des cris affreux. Les membres des anciens comites
revolutionnaires prenaient le nom de tous ceux qui montaient a la tribune
pour les combattre, et en l'ecrivant, ils s'ecriaient: Nous les
exterminerons! Leurs habitudes pendant la terreur leur avaient rendu
familiers les mots de tuer, de guillotiner, et ils les avaient toujours a
la bouche. Ils donnaient ainsi occasion de dire qu'ils faisaient de
nouvelles listes de proscription, et qu'ils voulaient recommencer le
systeme de Robespierre. On se battait souvent dans les sections;
quelquefois la victoire restait incertaine, et on atteignait dix heures
sans avoir rien pu lire. Alors les revolutionnaires, qui ne se faisaient
pas scrupule de depasser l'heure legale, attendaient que leurs adversaires,
qui affectaient d'obeir a la loi, fussent partis, lisaient ce qui leur
plaisait, et prenaient toutes les deliberations qui leur convenaient.
On rapportait chaque jour a la convention des scenes de ce genre, et on
s'elevait contre les anciens membres des comites revolutionnaires, qui
etaient, disait-on, les auteurs de tous ces troubles. Le club electoral,
plus bruyant a lui seul que toutes les sections ensemble,
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