populaires_. Il portait en outre qu'aucune petition ou adresse ne
pourrait etre faite en nom collectif, afin d'eviter ces manifestes
imperieux que les envoyes des jacobins ou du club electoral venaient lire a
la barre, et qui etaient devenus souvent des ordres pour l'assemblee. Toute
adresse ou petition devait etre individuellement signee. On s'assurait par
la le moyen de poursuivre les auteurs des propositions dangereuses, et on
esperait les mettre en contradiction par la necessite de signer. Le tableau
des membres de chaque societe devait etre dresse sur-le-champ et affiche
dans le lieu des reunions. A peine ce decret fut-il lu a l'assemblee,
qu'une foule de voix s'eleverent pour le combattre. "On veut, disaient les
montagnards, detruire les societes populaires; on oublie qu'elles ont sauve
la revolution et la liberte; on oublie qu'elles sont le moyen le plus
puissant de reunir les citoyens, et de conserver en eux l'energie et le
patriotisme; on attente, en leur defendant la correspondance, au droit
essentiel, appartenant a tous les citoyens, de correspondre entre eux,
droit aussi sacre que celui de se reunir paisiblement pour conferer sur les
questions d'interet public." Les deputes Lejeune, Duhem, Crassous, tous
jacobins, tous interesses vivement a ecarter ce decret, n'etaient pas les
seuls a s'exprimer ainsi. Le depute Thibaudeau, republicain sincere,
etranger aux montagnards et aux thermidoriens, paraissait lui-meme effraye
des consequences de ce decret, et en demandait l'ajournement, craignant
qu'il ne nuisit a l'existence meme des societes populaires. On ne veut pas
les detruire, repondaient les thermidoriens, auteurs du decret; on ne veut
que les soumettre a une police necessaire. Au milieu de ce conflit, Merlin
(de Thionville) s'ecrie: "President, rappelle les preopinans a l'ordre;
ils pretendent que nous voulons aneantir les societes populaires, tandis
qu'il s'agit seulement de regler leurs rapports actuels." Rewbell,
Bentabolle, Thuriot, demontrent qu'il n'est nullement question de les
supprimer. "Les empeche-t-on, disaient-ils, de se reunir paisiblement et
sans armes, pour conferer sur les interets publics? non sans doute; ce
droit reste intact. On les empeche de s'affilier, de se federer, et on ne
fait a leur egard que ce qu'on a deja fait a l'egard des autorites
departementales. Celles-ci, par le decret du 14 frimaire qui institue le
gouvernement revolutionnaire, ne peuvent ni correspondre, ni se concerter
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