entre elles. Serait-il possible qu'on permit aux societes populaires ce
qu'on a defendu aux autorites departementales? On leur defend de
correspondre en nom collectif, et en cela on ne viole aucun droit: tout
citoyen peut sans doute correspondre d'un bout de la France a l'autre; mais
les citoyens correspondent-ils par president et secretaires? C'est cette
correspondance officielle entre corps puissans et constitues qu'on veut et
qu'on a raison de vouloir empecher, pour detruire un federalisme plus
monstrueux et plus dangereux que celui des departemens. C'est par ces
affiliations, par ces correspondances, que les jacobins sont parvenus a
exercer une influence veritable sur le gouvernement, et a se donner dans la
direction des affaires une part qui ne devrait jamais appartenir qu'a la
representation nationale elle-meme.
" Bourdon (de l'Oise), l'un des principaux membres du comite de surete
generale, et, comme on a vu, souvent en lutte avec ses amis quoique
thermidorien, s'ecrie: "Les societes populaires ne sont pas le peuple; je
ne vois le peuple que dans les assemblees primaires: les societes
populaires sont une collection d'hommes qui se sont choisis eux-memes,
comme des moines, qui ont fini par former une aristocratie exclusive,
permanente, qui s'intitule le peuple, et qui vient se placer a cote de la
representation nationale, pour inspirer, modifier ou combattre ses
resolutions. A cote de la convention, je vois une autre representation
s'elever, et cette representation siege aux Jacobins." Des applaudissemens
nombreux interrompent Bourdon; il continue en ces termes: "J'apporte si peu
de passion ici, que, pour avoir l'unite et la paix, je dirais volontiers au
peuple: Choisis entre les hommes que tu as designes pour te representer, et
ceux qui se sont eleves a cote d'eux; peu importe, pourvu que tu aies une
representation unique." De nouveaux applaudissemens interrompent Bourdon;
il reprend: "Oui, s'ecrie-t-il, que le peuple choisisse entre vous et les
hommes qui ont voulu proscrire les representans charges de la confiance
nationale, entre vous et les hommes qui, lies avec la municipalite de
Paris, voulaient, il y a quelques mois, assassiner la liberte! Citoyens,
voulez-vous faire une paix glorieuse? voulez-vous arriver jusqu'aux
anciennes limites de la Gaule? presentez aux Belges, aux peuples qui
bordent le Rhin, une revolution paisible, une republique sans une double
representation, une republique sans comites revoluti
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