de
proconsuls. Il fut decrete enfin que toute denonciation serait renvoyee aux
trois comites, de salut public, de surete generale et de legislation, qui
decideraient s'il y avait lieu a examen; que, dans le cas d'une decision
affirmative, il serait forme au sort une commission de vingt-un membres
pour faire un rapport; que, d'apres ce rapport et la defense contradictoire
du depute inculpe, la convention deciderait enfin s'il y avait lieu a
accusation, et enverrait le depute devant le tribunal competent.
Aussitot le decret rendu, les trois comites declarerent qu'il y avait lieu
a examen contre Carrier; une commission de vingt-un membres fut formee;
elle s'empara des pieces du proces, fit comparaitre Carrier devant elle, et
commenca une instruction. D'apres ce qui s'etait passe au tribunal
revolutionnaire, et la connaissance que tout le monde avait acquise des
faits, le sort de Carrier ne pouvait etre douteux. Les montagnards, tout en
condamnant les crimes de Carrier, pretendaient que, si on le poursuivait,
ce n'etait pas pour punir ses crimes, mais pour commencer une longue serie
de vengeances contre les hommes dont l'energie avait sauve la France. Leurs
adversaires, au contraire, en entendant chaque jour les membres du comite
revolutionnaire demander la comparution de Carrier, et en voyant les
lenteurs de la commission des vingt-un, disaient qu'on voulait le sauver.
Le comite de surete generale, craignant qu'il ne prit la fuite, le fit
entourer d'agens de police qui ne le perdaient pas de vue. Carrier
cependant ne songeait pas a s'enfuir. Quelques revolutionnaires l'avaient
secretement engage a s'echapper, et il n'osa pas prendre un parti; il
semblait accable et paralyse en quelque sorte par l'horreur publique. Un
jour il s'apercut qu'il etait poursuivi, s'arreta devant un des agens, lui
demanda pourquoi il le suivait, et fit mine de l'ajuster avec un pistolet;
une rixe s'ensuivit, la force armee accourut, Carrier fut saisi et conduit
a sa demeure. Cette scene excita une grande rumeur dans l'assemblee et de
violentes reclamations aux Jacobins. On dit que la representation nationale
avait ete violee dans la personne de Carrier, et on demanda des
explications au comite de surete generale. Ce comite expliqua comment les
faits s'etaient passes, et, quoique vivement censure, il eut du moins
l'occasion de prouver qu'il ne voulait pas favoriser l'evasion de Carrier.
Enfin, la commission des vingt-un fit son rapport, et conclut
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