trees par les communes environnantes; ses negocians n'eurent
plus besoin de certificat de civisme pour recevoir ou expedier, et la
circulation recommenca pour cette cite malheureuse. Les membres de la
commission populaire de Bordeaux et leurs adherens, c'est-a-dire presque
tous les negocians bordelais, etaient hors la loi: le decret porte contre
eux fut rapporte. Une colonne infamante devait etre placee a Caen en
memoire du federalisme; on decida qu'elle ne serait pas elevee. Sedan fut
libre de fabriquer toutes les especes de drap. Les departemens du Nord, du
Pas-de-Calais, de l'Aisne et de la Somme, furent dispenses de l'impot
territorial pendant quatre ans, a la condition pour eux de retablir la
culture du lin et du chanvre. Enfin on jeta un regard sur la malheureuse
Vendee. Les representais Hentz et Francastel, le general Turreau et
plusieurs autres qui avaient execute les decrets formidables de la terreur,
furent rappeles. On pretendit, naturellement, qu'ils etaient complices de
Robespierre et du comite de salut public, qui avaient voulu faire durer
eternellement la guerre de la Vendee en employant la cruaute. On ne sait
pourquoi le comite aurait eu une pareille intention; mais les partis se
rendent absurdite pour absurdite. Vimeux fut appele a commander dans la
Vendee, le jeune Hoche en Bretagne; on envoya dans ces contrees de nouveaux
representans avec mission d'examiner s'il serait possible d'y faire
accepter une amnistie, et d'y amener ainsi une pacification.
On voit combien etait rapide et general le retour vers d'autres idees. Il
etait naturel qu'en songeant a toutes les especes de maux, a toutes les
classes de proscrits, l'assemblee songeat aussi a ses propres membres.
Depuis plus d'un an soixante-treize d'entre eux etaient detenus a
Port-Libre, pour avoir signe une protestation contre le 31 mai. Ils avaient
ecrit une lettre pour demander des juges. Tout ce qui restait du cote
droit, une partie des membres dits du _ventre_, se leverent dans une
question qui interessait la securite du vote, et demanderent la
reintegration de leurs collegues. Alors s'eleva une de ces discussions
orageuses et interminables qui prenaient toujours naissance des qu'on
soulevait le passe. "Vous voulez donc condamner le 31 mai? s'ecrient les
montagnards; vous voulez fletrir une journee que jusqu'a ce jour vous avez
proclamee glorieuse et salutaire; vous voulez relever une faction qui, par
son opposition, manqua perdre la republique; v
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