seance de
nuit, au milieu des cris furieux des assistans, et des trepignemens des
femmes qui remplissaient les tribunes, il declara que la convention avait
outrepasse la duree de ses pouvoirs; qu'elle avait ete envoyee pour juger
le dernier roi, et faire une constitution; qu'elle avait accompli ces deux
choses, et que par consequent sa tache etait remplie, et ses pouvoirs
expires.
Ces scenes des jacobins et du club electoral furent denoncees de nouveau a
la convention, qui renvoya tout aux comites charges de lui presenter un
projet relatif aux abus des societes populaires. Elle avait vote une
adresse au peuple francais, comme elle se l'etait propose, et l'avait
envoyee aux sections et a toutes les communes de la republique. Cette
adresse, ecrite d'un style ferme et sage, reproduisait d'une maniere plus
positive et plus precise les sentimens exprimes dans le rapport de Lindet.
Elle devint le sujet de nouvelles luttes dans les sections. Les
revolutionnaires voulaient empecher de la lire, et s'opposaient a ce qu'on
votat en reponse des adresses d'adhesion; ils faisaient adopter, au
contraire, des adresses aux jacobins, pour leur exprimer l'interet qu'on
prenait a leur cause. Souvent, apres avoir de cette maniere decide un vote,
des renforts arrivaient a leurs adversaires, qui les chassaient, et la
section ainsi renouvelee decidait le contraire. On en vit ainsi plusieurs
qui firent deux adresses contradictoires, l'une aux jacobins, l'autre a la
convention. Dans la premiere, on celebrait les services des societes
populaires, et on faisait des voeux pour leur conservation; dans l'autre,
on disait que la section, delivree du joug des anarchistes et des
terroristes, venait enfin exprimer son libre voeu a la convention, lui
offrir ses bras et sa vie, pour combattre a la fois les continuateurs de
Robespierre et les agens du royalisme. La convention assistait a ces
debats, attendant le projet sur la police des societes populaires.
Il fut presente le 25 vendemiaire (16 octobre). Il avait pour but principal
de rompre la coalition que formaient en France toutes les societes des
jacobins. Affiliees a la societe-mere, correspondant regulierement avec
elle, et obeissant a ses ordres, elles composaient un vaste parti,
habilement organise, qui avait un centre et une direction; et c'etait la ce
qu'on voulait detruire. Le decret defendait _toutes affiliations,
federations, ainsi que toutes correspondances en nom collectif entre
societes
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