vint pousser a
bout la patience de l'assemblee, par une adresse des plus dangereuses.
C'etait la, comme nous l'avons dit, que se reunissaient toujours les hommes
les plus compromis, et qu'on tramait les projets les plus audacieux. Une
deputation de ce club vint demander que l'election des magistrats
municipaux fut rendue au peuple; que la municipalite de Paris, qui n'avait
pas ete retablie depuis le 9 thermidor, fut reconstituee; qu'enfin, au lieu
d'une seule seance de section par decade, il fut permis de nouveau d'en
tenir deux. A cette derniere petition, une foule de deputes se leverent,
firent entendre les plaintes les plus vives, et demanderent des mesures
contre les membres des anciens comites revolutionnaires, auxquels on
attribuait tous les desordres. Legendre, quoiqu'il eut desapprouve la
premiere attaque de Lecointre contre Billaud-Varennes, Collot-d'Herbois et
Barrere, dit qu'il fallait remonter plus haut; que la source du mal etait
dans les membres des anciens comites de gouvernement, qui abusaient de
l'indulgence de l'assemblee a leur egard, et qu'il etait temps enfin de
punir leur ancienne tyrannie, pour en empecher une nouvelle. Cette
discussion amena un nouveau tumulte plus grand que le premier. Apres de
longues et deplorables recriminations, l'assemblee ne rencontrant encore
que des questions ou insolubles ou dangereuses, prononca une seconde fois
l'ordre du jour. Divers moyens furent successivement proposes pour reprimer
les ecarts des societes populaires, et les abus du droit de petition. On
imagina d'ajouter au rapport de Lindet une adresse au peuple francais, qui
exprimerait, d'une maniere encore plus nette et plus energique, les
sentimens de l'assemblee, et la marche nouvelle qu'elle se proposait de
suivre. Cette idee fut adoptee. Le depute Richard, qui revenait de l'armee,
soutint que ce n'etait pas assez; qu'il fallait gouverner vigoureusement;
que les adresses ne signifiaient rien, parce que tous les faiseurs de
petitions ne manqueraient pas de repondre; qu'il ne fallait plus souffrir
qu'on vint proferer a la barre des paroles qui, prononcees dans les rues,
feraient arreter ceux qui se les permettraient. "Il est temps, dit Bourdon
(de l'Oise), de vous adresser des verites utiles. Savez-vous pourquoi vos
armees sont constamment victorieuses? c'est parce qu'elles observent une
exacte discipline. Ayez dans l'etat une bonne police, et vous aurez un bon
gouvernement. Savez-vous d'ou viennent les eternell
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