Ceux de Paris, chefs de la coalition, etaient
dans les plus grandes alarmes. Ils voyaient la capitale soulevee contre
leurs doctrines; ils apprenaient que, dans les departemens, l'opinion,
moins prompte a se manifester qu'a Paris, n'en etait pas moins prononcee
contre eux. Ils savaient que partout on les appelait des cannibales,
partisans, complices et continuateurs de Robespierre. Ils se sentaient
appuyes a la verite par la foule des employes destitues, par le club
electoral, par une minorite ardente et souvent victorieuse dans les
sections, par une partie des membres meme de la convention, dont
quelques-uns siegeaient encore dans leur societe; mais ils n'en etaient pas
moins tres effrayes du mouvement des esprits, et ils pretendaient qu'il y
avait un complot forme pour dissoudre les societes populaires, et la
republique apres elles.
Ils redigerent une adresse aux societes affiliees, pour repondre aux
attaques dont ils etaient l'objet. "On cherche, disaient-ils, a detruire
notre union fraternelle; on cherche a rompre un faisceau redoutable aux
ennemis de l'egalite et de la liberte; on nous accuse, on nous poursuit par
les plus noires calomnies. L'aristocratie et le moderantisme levent une
tete audacieuse. La reaction funeste occasionnee par la chute des triumvirs
se perpetue, et, du sein des orages formes par tous les ennemis du peuple,
est sortie une faction nouvelle qui tend a la dissolution de toutes les
societes populaires. Elle tourmente et cherche a soulever l'opinion
publique; elle pousse l'audace jusqu'a nous presenter comme une puissance
rivale de la representation nationale, nous qui combattons et nous unissons
toujours avec elle dans tous les dangers de la patrie. Elle nous accuse
d'etre les continuateurs de Robespierre, et nous n'avons sur nos registres
que les noms de ceux qui, dans la nuit du 9 au 10 thermidor, ont occupe le
poste que leur assignait le danger de la patrie. Mais nous repondrons a ces
vils calomniateurs en les combattant sans cesse; nous leur repondrons par
la purete de nos principes et de nos actions, et par un devouement
inebranlable a la cause du peuple qu'ils ont trahie, a la representation
nationale qu'ils veulent deshonorer, et a l'egalite qu'ils detestent."
Ils affectaient, comme on le voit, un grand respect pour la representation
nationale; ils avaient meme, dans l'une de leurs seances, livre au comite
de surete generale un de leurs membres, pour avoir dit que les principaux
cons
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