ets, et ne permettait pas aux marchands de l'elever au
fur et a mesure de l'avilissement du papier; on se souvient qu'a ces
mesures on avait ajoute les _requisitions_, qui donnaient aux representans
ou aux agens de l'administration la faculte de requerir toutes les
marchandises necessaires aux armees et aux grandes communes, en les payant
en assignats, et au taux du _maximum_. Ces mesures avaient sauve la France,
mais en apportant un trouble extraordinaire dans les echanges et la
circulation.
On a deja vu quels etaient les inconveniens principaux du _maximum_:
etablissement de deux marches, l'un public, dans lequel les marchands
n'exposaient que ce qu'ils avaient de plus mauvais et en moindre quantite
possible, l'autre, clandestin, dans lequel les marchands vendaient ce
qu'ils avaient de meilleur contre de l'argent et a prix libre;
enfouissement general des denrees, que les fermiers parvenaient a
soustraire a toute la vigilance des agens charges de faire les
requisitions; enfin, troubles, ralentissement dans la fabrication, parce
que les manufacturiers ne trouvaient pas dans le prix fixe a leurs produits
les frais meme de la production. Tous ces inconveniens d'un double
commerce, de l'enfouissement des subsistances, de l'interruption de la
fabrication, n'avaient fait que s'accroitre. Il s'etait etabli partout deux
commerces, l'un public et insuffisant, l'autre secret et usuraire. Il y
avait deux qualites de pain, deux qualites de viande, deux qualites de
toutes choses, l'une pour les riches qui pouvaient payer en argent ou
exceder le _maximum_, l'autre pour le pauvre, l'ouvrier, le rentier, qui ne
pouvaient donner que la valeur nominale de l'assignat. Les fermiers etaient
devenus tous les jours plus ingenieux a soustraire leurs denrees; ils
faisaient de fausses declarations; ils ne battaient pas leur ble, et
pretextaient le defaut de bras, defaut qui, au reste, etait reel, car la
guerre avait absorbe plus de quinze cent mille hommes; ils arguaient de la
mauvaise saison, qui, en effet, ne fut pas aussi favorable qu'on l'avait
cru au commencement de l'annee, lorsqu'a la fete de l'Etre supreme on
remerciait le ciel des victoires et de l'abondance des recoltes. Quant aux
fabricans, ils avaient tout a fait suspendu leurs travaux. On a vu que,
l'annee precedente, la loi, pour n'etre pas inique envers les marchands,
avait du remonter jusqu'aux fabricans, et fixer le prix de la marchandise
sur le lieu de fabrique, en ajoutant a
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