es
pieces! les pieces!_ et Lecointre ne les fournissant pas: _A un autre!_
s'ecriaient-ils encore. Lecointre arriva ainsi au vingt-sixieme chef, sans
avoir pu prouver rien de ce qu'il avancait. Il n'avait qu'une raison a
donner, c'est que le proces etait politique, et n'admettait pas la forme
ordinaire de discussion; a quoi on pouvait repondre qu'il etait impolitique
d'en inventer un pareil. Apres une seance longue et orageuse, la convention
declara l'accusation de Lecointre fausse et calomnieuse, et rehabilita
ainsi les anciens comites.
Cette scene avait rendu a la Montagne toute son energie, et a la convention
un peu de son ancienne deference pour la Montagne. Cependant
Billaud-Varennes et Collot-d'Herbois donnerent leur demission de membres du
comite de salut public. Barrere en sortit par la voie du sort. De son cote,
Tallien se demit volontairement, et ils furent remplaces tous quatre par
Delmas, Merlin (de Douai), Cochon et Fourcroy. Ainsi, des anciens membres
du grand comite de salut public, il ne restait que Carnot, Prieur (de la
Cote-d'Or) et Robert Lindet. Au comite de surete generale, on opera aussi
un renouvellement par quart. Elie Lacoste, Vouland, Vadier et Moise Bayle
sortirent. Il manquait deja David, Jagot, Lavicomterie, exclus par une
decision de l'assemblee: ces sept membres furent remplaces par Bourdon (de
l'Oise), Colombelle, Meaulle, Clauzel, Mathieu, Mon-Mayau, Lesage-Senault.
Un evenement imprevu et entierement fortuit vint augmenter l'agitation qui
regnait. Le feu prit a la poudriere de Grenelle qui sauta. Cette explosion
soudaine et epouvantable consterna Paris, et on crut que c'etait l'effet
d'une conspiration nouvelle. Aussitot on accusa les aristocrates, et les
aristocrates accuserent les jacobins. De nouvelles attaques eurent lieu a
la tribune entre les deux partis, sans amener aucun eclaircissement, A cet
evenement s'en ajouta un autre. Le 23 fructidor au soir (9 septembre),
Tallien regagnait sa demeure. Un homme enveloppe d'une grande redingote,
fondit sur lui en disant: "Je t'attendais, ... tu ne m'echapperas pas." Au
meme instant il lui tira un coup de pistolet a bout portant, qui lui
fracassa une epaule. Le lendemain, nouvelle rumeur dans Paris: on se disait
qu'on ne pouvait donc plus esperer le repos, que deux partis acharnes l'un
contre l'autre avaient jure de troubler eternellement la republique. Les
uns attribuaient l'assassinat de Tallien aux jacobins, les autres aux
aristocrates
|