partie de la Bretagne qui est comprise entre la Loire et
la Vilaine, s'etait forme un nouveau rassemblement, compose en grande
partie des restes de la colonne vendeenne detruite a Savenay et des paysans
qui habitaient ces plaines. M. de Scepeaux en etait le chef. Ce corps etait
a peu pres de la force de celui de M. de Sapinaud, et liait la Vendee a la
Bretagne.
La Bretagne etait devenue le theatre d'une guerre toute differente de celle
de la Vendee, et non moins deplorable. Les chouans, dont nous avons deja
parle, etaient des contrebandiers que l'abolition des barrieres avait
laisses sans etat, des jeunes gens qui n'avaient pas voulu obeir a la
requisition, et quelques Vendeens echappes, comme ceux de M. de Scepeaux, a
la deroute de Savenay. Ils se livraient au brigandage dans les rochers et
les vastes bois de la Bretagne, particulierement dans la grande foret du
Pertre. Ils ne formaient pas, comme les Vendeens, des rassemblemens
nombreux, capables de tenir la campagne; ils marchaient en troupes de
trente et cinquante, arretaient les courriers, les voitures publiques,
assassinaient les juges de paix, les maires, les fonctionnaires
republicains, et surtout les acquereurs de biens nationaux. Quant a ceux
qui etaient non pas acquereurs, mais fermiers de ces biens, ils se
rendaient chez eux, et se faisaient payer le prix du fermage. Ils avaient
ordinairement le soin de detruire les ponts, de briser les routes, de
couper l'essieu des charrettes, pour empecher le transport des subsistances
dans les villes. Ils faisaient des menaces terribles a ceux qui apportaient
leurs denrees dans les marches, et ils executaient ces menaces en pillant
et incendiant leurs proprietes. Ne pouvant pas occuper militairement le
pays, leur but evident etait de le bouleverser, en empechant les citoyens
d'accepter aucune fonction de la republique, en punissant l'acquisition des
biens nationaux, et en affamant les villes. Moins reunis, moins forts que
les Vendeens, ils etaient cependant plus redoutables, et meritaient
veritablement le nom de brigands.
Ils avaient un chef secret que nous avons deja nomme, M. de Puisaye,
autrefois membre de l'assemblee constituante. Il s'etait retire apres le 10
aout en Normandie, s'etait jete, comme on l'a vu, dans l'insurrection
federaliste, et, apres la defaite de Vernon, etait venu se cacher en
Bretagne et y recueillir les restes de la conspiration de La Rouarie. A une
grande intelligence, a une rare habilete po
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