la terreur cessa de
regner en France, les brouillons commencerent malheureusement a respirer
aussitot que les honnetes gens. Les correspondances des emigres avec
l'interieur venaient de recommencer. La cour de Verone, par l'intermediaire
du comte d'Entraigues, correspondait avec un nomme Lemaitre, intrigant qui
avait ete successivement avocat, secretaire au conseil, pamphletaire,
prisonnier a la Bastille, et qui finissait par etre agent des princes. On
lui avait adjoint un nomme Laville-Heurnois, ancien maitre des requetes et
creature de Calonne, et un abbe Brothier, precepteur des neveux de l'abbe
Maury. On demandait a ces intrigans des details sur la situation de la
France, sur l'etat des partis, sur leurs dispositions, et des plans de
conspiration. Ils repondaient par des renseignemens le plus souvent faux;
ils se vantaient faussement de leurs pretendues relations avec les chefs du
gouvernement, et contribuaient de toutes leurs forces a persuader aux
princes francais qu'il fallait tout attendre d'un mouvement dans
l'interieur. On les avait charges de correspondre avec la Vendee et surtout
avec Charette, qui par sa longue resistance etait le heros des royalistes,
mais avec lequel on n'avait pu entamer encore aucune negociation.
Telle etait donc la situation du parti royaliste au dedans et au dehors de
la France. Il faisait dans la Vendee une guerre peu alarmante par ses
dangers, mais affligeante par ses ravages; il formait en Bretagne des
projets etendus, mais lointains encore, et soumis a une condition bien
difficile, l'union et le concert d'une foule d'individus; hors de France,
il etait divise, peu considere, peu soutenu; desabuse enfin sur
l'efficacite des secours etrangers, il entretenait avec les royalistes du
dedans des correspondances pueriles.
La republique avait donc peu a craindre des efforts de l'Europe et de la
royaute. A part le sujet de peine qu'elle trouvait dans les ravages de la
Vendee, elle n'avait qu'a s'applaudir de ses brillans[1] triomphes. Sauvee
l'annee precedente de l'invasion, elle s'etait vengee cette annee-ci par
des conquetes; elle avait acquis la Belgique, le Brabant hollandais, le
pays de Luxembourg, de Liege et de Juliers, l'electorat de Treves, le
Palatinat, la Savoie, Nice, une place en Catalogne, la vallee de Bastan, et
menacait ainsi a la fois la Hollande, le Piemont et l'Espagne. Tels etaient
les resultats des immenses efforts du celebre comite de salut public.
CHAPITRE
|