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nombre contre le dernier regime revolutionnaire, et qui se vendaient chez
les libraires des galeries. Souvent elle y formait des groupes, et en
partait pour venir troubler les seances des jacobins. Le jour de la
deuxieme sans-culottide, un de ces groupes se forme: il etait compose de
ces jeunes gens qui, pour se distinguer des jacobins, s'habillaient avec
soin, portaient des cravates elevees, ce qui leur fit donner le nom de
_muscadins_. Dans l'un de ces groupes, un assistant disait que, s'il
arrivait quelque chose, il fallait se reunir a la convention; que les
jacobins n'etaient que des intrigans et des scelerats. Un jacobin voulut
lui repondre. Alors une rixe s'engagea; d'une part on criait: _Vive la
convention! a bas les jacobins! a bas la queue de Robespierre!_ de l'autre:
_A bas les aristocrates et les muscadins! vive la convention et les
jacobins!_ Le tumulte augmenta bientot. Le jacobin qui avait pris la
parole, et le petit nombre de ceux qui voulurent le soutenir, furent tres
maltraites; la garde accourut, et dispersa le rassemblement qui etait deja
tres considerable, et empecha un engagement general.
Le surlendemain, jour fixe pour le rapport des trois comites de salut
public, de legislation, et de surete generale, Robert Lindet fut enfin
entendu. Le tableau qu'il avait a tracer de la France etait triste. Apres
avoir expose la marche successive des factions, le progres de la puissance
de Robespierre jusqu'a sa chute, il montra deux partis, l'un compose de
patriotes ardens, craignant pour la revolution et pour eux-memes; et
l'autre, des familles eplorees dont les parens avaient ete immoles ou
gemissaient encore dans les fers. "Des esprits inquiets, dit Lindet,
s'imaginent que le gouvernement va manquer d'energie; ils emploient tous
les moyens pour propager leur opinion et leurs craintes. Ils envoient des
deputations et des adresses a la convention. Ces craintes sont chimeriques:
dans vos mains le gouvernement conservera toute sa force. Les patriotes,
les fonctionnaires publics peuvent-ils craindre que les services qu'ils ont
rendus s'effacent de la memoire? Quel courage ne leur a-t-il pas fallu pour
accepter et pour remplir des fonctions perilleuses? Mais aujourd'hui la
France les rappelle a leurs travaux et a leurs professions, qu'ils ont trop
long-temps abandonnes. Ils savent que leurs fonctions etaient temporaires;
que le pouvoir, conserve trop long-temps dans les memes mains, devient un
sujet d'inquietud
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