comite a deliberees dans la nuit avant de se separer. Robespierre, qui
n'avait pas quitte la tribune, profite de cet intervalle pour demander
encore la parole. Ses adversaires etaient decides a la lui refuser, de peur
qu'un reste de crainte et de servilite ne se reveillat a sa voix. Places
tous au sommet de la Montagne, ils poussent de nouvelles clameurs, et,
tandis que Robespierre se tourne tantot vers le president, tantot vers
l'assemblee: "A bas! a bas le tyran!" s'ecrient-ils avec des voix de
tonnerre. Barrere obtient encore la parole avant Robespierre. On dit que
cet homme, qui par vanite avait voulu jouer un role, et qui, par faiblesse,
tremblait maintenant de s'en etre donne un, avait deux discours dans sa
poche, l'un pour Robespierre, l'autre pour les comites. Il developpe la
proposition convenue la nuit: c'est d'abolir le grade de
commandant-general, de retablir l'ancienne loi de la legislative, par
laquelle chaque chef de legion commandait a son tour la force armee de
Paris, et enfin d'appeler le maire et l'agent national a la barre, pour y
repondre de la tranquillite de la capitale. Ce decret est adopte
sur-le-champ, et un huissier va le communiquer a la commune au milieu des
plus grands perils.
Lorsque le decret propose par Barrere a ete adopte, on reprend
l'enumeration des torts de Robespierre; chacun vient a son tour lui faire
un reproche. Vadier, qui voulait avoir decouvert une conspiration
importante en saisissant Catherine Theot, rapporte, ce qu'il n'avait pas
dit la veille, que dom Gerle possedait un certificat de civisme signe par
Robespierre, et que, dans un matelas de Catherine, se trouvait une lettre
dans laquelle elle appelait Robespierre son fils cheri. Il s'etend ensuite
sur l'espionnage dont les comites etaient entoures, avec la diffusion d'un
vieillard et une lenteur qui ne convenait pas a l'agitation du moment.
Tallien, impatient, remonte a la tribune et prend encore la parole, en
disant qu'il faut ramener la question a son veritable point. En effet, on
avait decrete Henriot, Dumas, Boulanger, on avait appele Robespierre un
tyran, mais on n'avait pris aucune resolution decisive. Tallien fait
observer que ce n'est pas a quelques details de la vie de cet homme, appele
un tyran, qu'il faut s'attacher, mais qu'il faut en montrer l'ensemble.
Alors, il commence un tableau energique de la conduite de ce rheteur lache,
orgueilleux et sanguinaire.... Robespierre, suffoque de colere,
l'interrompt par d
|