nt, Robespierre furieux, Saint-Just calme et meprisant,
les autres consternes de cette humiliation si nouvelle pour eux. Ils
etaient enfin a cette place ou ils avaient envoye Vergniaud, Brissot,
Petion, Camille Desmoulins, Danton, et tant d'autres de leurs collegues,
pleins ou de vertu, ou de genie, ou de courage.
Il etait cinq heures. L'assemblee avait declare la seance permanente; mais
en ce moment, accablee de fatigue, elle prend la resolution dangereuse de
suspendre la seance jusqu'a sept pour se donner un peu de repos. Les
deputes se separent alors, et laissent ainsi a la commune, si elle a
quelque audace, la faculte de fermer le lieu de leurs seances et de
s'emparer de la domination dans Paris. Les cinq accuses sont conduits au
comite de surete generale et interroges par leurs collegues en attendant
d'etre traduits dans les prisons.
Pendant que ces evenemens si importans[1] se passaient dans la convention,
la commune etait restee dans l'attente. L'huissier Courvol etait alle lui
signifier le decret qui mettait Henriot en arrestation, et mandait le maire
et l'agent national a la barre. Il avait ete fort mal accueilli. Ayant
demande un recu, le maire lui avait repondu: _Un jour comme aujourd'hui on
ne donne pas de recu. Va a la convention, va lui dire que nous saurons le
maintenir et dis a Robespierre qu'il n'ait pas peur, car nous sommes ici_.
Le maire s'etait exprime ensuite devant le conseil general de la maniere la
plus mysterieuse sur le motif de la reunion; il ne parla que du decret qui
ordonnait a la commune de veiller a la tranquillite de Paris; il rappela
les epoques ou cette commune avait deploye un grand courage, designant
assez clairement le 31 mai. L'agent national Payan, parlant apres le maire,
avait propose d'envoyer deux membres du conseil sur la place de la commune,
ou se trouvait une foule immense, pour haranguer le peuple et l'inviter a
_se reunir a ses magistrats pour sauver la patrie_. Ensuite on avait redige
une adresse dans laquelle on disait que des scelerats opprimaient
_Robespierre, ce citoyen vertueux qui fit decreter le dogme consolateur de
l'Etre supreme et de l'immortalite de l'ame; Saint-Just, cet apotre de la
vertu, qui fit cesser la trahison au Rhin et au Nord; Couthon, ce citoyen
vertueux qui n'a que le coeur et la tete de vivans, mais qui les a brulans
de patriotisme_. Aussitot apres, on avait arrete que les sections seraient
convoquees, que les presidens et les commandans de la f
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