emier corps-de-garde. Dans les cours du Palais-National,
Henriot fait mettre pied a terre a ceux qui l'accompagnent, et veut
penetrer dans le palais. Les grenadiers lui en refusent l'entree et
croisent la baionnette. Dans ce moment, un huissier s'avance et dit:
"Gendarmes, arretez ce rebelle; un decret de la convention vous l'ordonne!"
Aussitot on entoure Henriot, on le desarme, lui et plusieurs de ses
aides-de-camp, on les garrotte et on les conduit dans la salle du comite de
surete generale, aupres de Robespierre, Couthon, Saint-Just et Lebas.
[Illustration: LA DERNIERE CHARRETTE.]
Jusqu'ici tout allait bien pour la convention; ses decrets, hardiment
rendus, etaient heureusement executes; mais la commune et les jacobins, qui
n'avaient pas encore proclame ouvertement l'insurrection, allaient eclater
maintenant, et realiser leur projet d'un 2 juin. Par bonheur, tandis que la
convention suspendait imprudemment sa seance, la commune faisait de meme,
et le temps etait perdu pour tout le monde.
Le conseil ne se rassemble de nouveau qu'a six heures. A cette reprise de
la seance, l'arrestation des cinq deputes et d'Henriot etait connue. Le
conseil, a cette nouvelle, ne se contient plus, et declare qu'il s'insurge
contre les oppresseurs du peuple, qui veulent faire perir ses defenseurs.
Il ordonne de sonner le tocsin a l'Hotel-de-Ville et dans toutes les
sections. Il depute un de ses membres dans chacune d'elles, pour les
pousser a l'insurrection, et les decider a envoyer leurs bataillons a la
commune. Il envoie des gendarmes fermer les barrieres, et enjoint a tous
les concierges des prisons de refuser les prisonniers qui leur seraient
presentes. Enfin il nomme une commission executive de douze membres, dans
laquelle se trouvent Payan et Coffinhal, pour diriger l'insurrection, et
user de tous les pouvoirs souverains du peuple. Dans ce moment, on avait
deja reuni sur la place de la commune quelques bataillons des sections,
plusieurs compagnies de canonniers, et une grande partie de la gendarmerie.
On commence a faire preter le serment aux commandans des bataillons
actuellement reunis. Ensuite on ordonne a Coffinhal de se rendre avec
quelques cents hommes a la convention, pour delivrer les prisonniers.
Deja Robespierre aine avait ete conduit au Luxembourg, Robespierre jeune a
maison Lazare, Couthon a Port-Libre, Saint-Just aux Ecossais, Lebas a la
maison de justice du departement. L'ordre donne par la commune aux
concierge
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